Et si Indiana Jones avait une version femme ? Sans hésitation, on penserait à Christiane Desroches-Noblecourt. Une égyptologue exceptionnelle connue pour avoir sauvé les temples d’Abou Simbel. On lui doit aussi l’origine des expositions « Toutânkhamon » et « Ramsès II » à Paris.

Qui était cette héroïne ?

Christiane Desroches-Noblecourt est née à Paris le 17 novembre 1913. Elle obtient une licence d’études égyptiennes à l’École pratique des hautes études, entre au département d’égyptologie du Louvre où elle devient conservatrice. Durant l’occupation de la France, elle s’est battue pour protéger les plus grands trésors du musée contre les nazis. La jeune Desroches se voit responsable de la garde des statues égyptiennes, des stèles et des fragments de fresques. En même temps, elle servait de messager à la résistance, comme d’autres membres du personnel du Louvre.

Appréhendée par la Gestapo, elle est accusée d’espionnage, mais niera vigoureusement cette accusation. Finalement, elle est renvoyée à sa cellule et libérée le lendemain. « On n’arrive à rien sans se battre… si je suis devenue une bagarreuse, c’est par nécessité », dira-t-elle plus tard. Malheureusement, contrairement à elle, certains de ses collègues n’ont pas survécu aux interrogatoires de la Gestapo. Son tempérament a d’ailleurs contribué à sa réussite. Christiane Desroches-Noblecourt était une pionnière dans le domaine de l’égyptologie, en particulier en tant que femme travaillant dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. Elle a été élue à l’Académie française en 1988 en reconnaissance de son travail et de ses contributions à la culture française.

Égypte
— AlexAnton / Shutterstock.com

Son parcours

Sa carrière commença avec l’égyptologue français Alexandre Varille. Dès 1937, elle embarque pour l’Égypte afin d’y diriger de nombreuses fouilles. Après la guerre, elle reprend son travail en Égypte et joue un rôle important dans la préservation des monuments égyptiens menacés par la construction du barrage d’Assouan. Pendant les travaux dans les années 1950, le gouvernement égyptien a lancé un appel international pour aider à sauver les temples de Ramsès. Ces derniers risquaient d’être engloutis par les eaux du Nil en raison de la construction du nouveau barrage d’Assouan. Elle a supervisé la découpe et le déplacement, ainsi que la préservation des fresques et des sculptures à l’intérieur. Grâce à son travail acharné et à celui de nombreux autres experts, les temples ont été préservés et sont aujourd’hui une attraction touristique populaire en Égypte. Elle a également découvert de nombreux artefacts antiques importants, notamment une cache de trésors funéraires de la reine Hatchepsout dans la vallée des Rois.

Christiane Desroches-Noblecourt, une auteure prolifique, a écrit de nombreux livres sur l’art et l’archéologie égyptiens, notamment Toutânkhamon, Le Roman de la momie et L’Égypte ancienne. Cette remarquable égyptologue est la première femme récipiendaire de la médaille d’or du CNRS. Elle a reçu également la médaille d’agent de l’UNESCO, et elle est l’une des très rares femmes grand-croix de la Légion d’honneur. L’ancien président français Nicolas Sarkozy disait : « Christiane Desroches-Noblecourt réunissait, chose rare, les qualités de la plus rigoureuse des scientifiques à celles de la plus passionnante des pédagogues. Elle fut aussi, à l’époque où les fouilles égyptologiques étaient encore une aventure de tous les instants, souvent dangereuse, une figure intrépide et romanesque qu’aurait pu dépeindre Agatha Christie. »

Christiane Desroches-Noblecourt
© Michel Ravassard / Wikimedia Commons

Pour le meilleur et l’archéologie

L’égyptologue française de renom, Christiane Desroches-Noblecourt, a consacré sa vie à l’étude de l’art et de l’histoire de l’Égypte antique. Sa passion, elle la partage avec André Noblecourt, lui aussi égyptologue et conservateur en chef du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre à Paris. Ils se sont mariés en 1942 et eurent deux enfants, une fille nommée Claude et un fils nommé Jean.

En tant que femme, Christiane Desroches-Noblecourt a dû faire face à de nombreux défis pour mener sa carrière d’égyptologue à une époque où la place des femmes dans la société était très différente de celle d’aujourd’hui. Malgré cela, elle a réussi à se faire un nom dans un domaine alors largement dominé par les hommes et à contribuer de manière significative à la recherche en égyptologie. Christiane Desroches-Noblecourt a dû se battre férocement pour mener ses propres fouilles durant une époque où l’influence française et britannique en Égypte déclinait fortement, culminant dans le désastre de la crise de Suez. Les anciennes puissances coloniales n’étaient plus les bienvenues dans les années 1950, mais elle a néanmoins réussi à poursuivre ses travaux et à faire quelques découvertes notables. Parmi celles-ci, la tombe intacte, vieille de 4 200 ans, de Lady Sechséchet, l’épouse d’un ministre en chef du gouvernement, qui était vénérée comme un « dieu vivant ».

Elle décède à l’âge de 96 ans, le 23 juin 2011, à Saint-Germain-en-Laye, en France, laissant derrière elle un héritage durable dans le domaine de l’archéologie et de l’égyptologie. Elle restera une figure importante de la scène culturelle française, en particulier en tant que membre de l’Académie française et de l’Académie des beaux-arts. Pour aller plus loin, découvrez 10 femmes exceptionnelles pourtant méconnues qui méritent votre attention.

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