Aller au contenu principal

Cette glace vieille de 130 000 ans intrigue les scientifiques : elle contiendrait les secrets de notre avenir climatique

Panorama de l’Antarctique avec un glacier bleu en premier plan, des montagnes enneigées en arrière-plan et une nappe de nuages bas flottant entre les sommets.
Un glacier bleu intense fend le désert blanc antarctique, sur fond de montagnes enneigées et de nuages rasant les sommets.

Deux aventuriers s’apprêtent à traverser l’Antarctique dans des conditions extrêmes afin d’atteindre une couche de glace vieille de 130 000 ans. Une mission à haut risque ? Sans doute. Mais surtout, une enquête scientifique essentielle pour mieux comprendre notre futur climatique.

Une expédition extrême pour remonter le temps

Imaginez : un désert de glace, des températures négatives extrêmes, et deux silhouettes tirées par des cerfs-volants. Pas de moteur, pas de bruit, seulement le vent et la détermination.

C’est précisément le défi que relèvent Heidi Sevestre, glaciologue, et Matthieu Tordeur, aventurier polaire. Leur mission, baptisée Under Antarctica, consiste à parcourir l’Antarctique d’est en ouest, à ski et en autonomie, pendant plus de deux mois. Leur objectif ? Grâce à un radar à pénétration profonde, détecter une strate de glace vieille de 130 000 ans.

Pourquoi cette glace ? Car elle pourrait contenir la preuve qu’il y a 130 000 ans, lors d’un réchauffement climatique comparable à celui que nous vivons aujourd’hui, une partie de l’Antarctique de l’Ouest s’est effondrée. Ce scénario, s’il se confirme, annoncerait une montée des océans de 3 à 4 mètres dans le futur.

Autrement dit, leur quête relève autant de la science que de l’alerte.

Un fragment du passé pour éclairer l’avenir

Contrairement aux apparences, la glace polaire n’est pas inerte. Bien au contraire, elle constitue une véritable archive naturelle. Chaque couche conserve des bulles d’air, des poussières, et même des traces de vie microscopique. En les étudiant, les chercheurs peuvent reconstituer les conditions climatiques de l’époque : températures, taux de CO₂, événements extrêmes, etc.

Justement, cette strate précise, vieille de 130 000 ans, coïncide avec une époque clé. Si l’on y détecte une rupture ou une anomalie, cela pourrait signifier qu’une instabilité majeure a bel et bien affecté l’Antarctique de l’Ouest. Et si un tel effondrement s’est produit dans le passé, alors il pourrait très bien se reproduire.

Par conséquent, cette expédition ne se limite pas à un exploit sportif. Elle devient une véritable mission scientifique à haute valeur prédictive. Comprendre hier pour anticiper demain.

Faire vibrer la science : une mission de transmission

Cependant, au-delà des relevés glaciologiques, Heidi Sevestre insiste sur un point : « Pour avoir un impact, la science doit se raconter avec émotion. »

C’est pourquoi Under Antarctica est soutenu par l’UNESCO et relayé par National Geographic France. Grâce à une plateforme dédiée, des milliers d’élèves suivront l’expédition en temps réel. Chaque jour, les deux explorateurs partageront leurs observations, leurs doutes et leurs émotions.

Ainsi, cette mission devient aussi pédagogique. En rendant le savoir accessible et incarné, elle permet de connecter les générations futures à la réalité du changement climatique.

Finalement, cette glace millénaire n’est pas qu’un vestige du passé. Elle est peut-être l’un des derniers témoins capables de nous alerter sur ce qui nous attend. Et à travers cette expédition, c’est une autre voie qu’on tente de tracer : celle de la compréhension, de la mobilisation et de l’espoir.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *