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S’appuyant sur des scans cérébraux et des test cognitifs, des chercheurs américains ont récemment mis en évidence le schéma de redémarrage du cerveau humain à la suite d’une anesthésie générale.

Une réinitialisation cérébrale progressive

Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue eLife, des scientifiques des universités de Pennsylvanie, de Washington et du Michigan ont suivi 30 adultes en bonne santé ayant été anesthésiés pendant 3 heures, dont les profils ont été comparés à ceux de 30 sujets adultes n’ayant pas subi une telle intervention. Ce, dans le but de déterminer comment leur cerveau se remettait d’un profond état d’inconscience.

Si les capacités de résolution de problèmes abstraits, gérées par le cortex préfrontal, se sont avérées être les fonctions se réinitialisant le plus rapidement, d’autres zones du cerveau, notamment celles qui gèrent le temps de réaction et l’attention, prenaient plus de temps.

« Bien que surprenant au départ, il est logique, du point de vue de l’évolution, que les fonctions cognitives supérieures se rétablissent rapidement », explique l’anesthésiste Max Kelz, co-auteur de l’étude. « Si, par exemple, une personne se réveillait face à une menace, des structures comme le cortex préfrontal seraient importantes pour catégoriser la situation et générer un plan d’action. »

Une étude a récemment révélé que les rêves empêchaient notre cerveau de s’enfermer dans le schéma de la vie quotidienne — Semnic / Shutterstock.com

Diverses méthodes ont été utilisées pour mesurer ce qui se passait dans le cerveau, notamment des scans d’électroencéphalographie (EEG) et des tests cognitifs avant et après l’anesthésie, mesurant la vitesse de réaction, le rappel de la mémoire et d’autres aptitudes.

« Cela suggère que le cerveau humain sain est résilient »

En analysant les relevés EEG, les chercheurs ont noté que les régions frontales du cerveau (où se trouvent les fonctions telles que la résolution de problèmes, la mémoire et le contrôle moteur), étaient particulièrement actives lorsque le cerveau commençait à se rétablir.

Une comparaison avec le groupe témoin a montré qu’il fallait environ trois heures aux personnes qui avaient été anesthésiées pour récupérer complètement, tandis que l’intervention n’a pas semblé avoir d’impact négatif sur leur rythme de sommeil au cours des jours suivants.

« Cela suggère que le cerveau humain sain est résilient, même après une anesthésie profonde », soulignent les auteurs de l’étude. « Cliniquement, cela implique que certains des troubles de la cognition que nous observons souvent pendant des jours, voire des semaines après une anesthésie ou une intervention chirurgicale pourraient être attribuables à des facteurs autres que les effets persistants des médicaments anesthésiques sur le cerveau. »

Un aperçu de la base neuronale de la conscience

De nombreuses interventions chirurgicales seraient tout simplement impossibles sans l’anesthésie, moyen efficace et contrôlé « d’éteindre » notre conscience, ce qui peut se produire involontairement dans le cas d’un coma. Bien que les anesthésiques soient utilisés depuis de longues années et que nous sachions comment les utiliser en tout sécurité, nous sommes encore loin d’avoir mis en évidence l’ensemble des mécanismes cérébraux sur lesquels ils influent.

Selon l’équipe, ces dernières découvertes pourraient non seulement améliorer les traitements et les soins aux patients après des opérations majeures impliquant une anesthésie, mais aussi permettre aux scientifiques de mieux comprendre le cerveau et la façon dont il réagit aux perturbations.

« La façon dont le cerveau se remet d’un état d’inconscience est importante d’un point de vue clinique, mais elle nous donne également un aperçu de la base neuronale de la conscience elle-même », conclut l’équipe.

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