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Des chercheurs ont annoncé la mise au jour d’un cerveau fossilisé de limule vieux de plus de 300 millions d’années. Complet, celui-ci fait partie des plus anciens et des mieux conservés jamais décrits.

Des fossiles remontant à plusieurs centaines de millions d’années

La majorité de nos connaissances sur les créatures anciennes proviennent de leurs os, les tissus mous ne se fossilisant pas très bien. Certains mécanismes sont toutefois plus efficaces que d’autres pour préserver ces tissus fragiles, notamment l’ambre. Les scientifiques peuvent alors scanner les créatures piégées à l’intérieur afin d’obtenir des images détaillées de leur cerveau et d’autres organes. Mais les plus anciennes inclusions d’ambre remontent à environ 230 millions d’années, durant la période du Trias.

De leur côté, les dépôts de type schistes de Burgess couvrent une période allant jusqu’au début du Cambrien, il y a 520 millions d’années, et peuvent également préserver des tissus mous sous forme de films de carbone. Généralement l’intestin, bien que des empreintes de système nerveux aient également été découvertes au fil des décennies.

On estime que ce type de fossiles sont produits lorsque les animaux sont ensevelis par une boue se transformant lentement en un minéral solide de carbonate de fer appelé sidérite, assurant la préservation de leur corps dans son entièreté. Un délicat processus ayant engendré des fossiles particulièrement détaillés de trilobites et de limules.

La limule fossilisée, avec une vue agrandie de son cerveau exceptionnellement bien préservé (A et B), ainsi qu’une reconstruction artistique d’Euproops danae avec son cerveau en blanc — © Russell Bicknell

Une méthode de conservation jusqu’alors inconnue

Le scénario s’est révélé légèrement différent pour le spécimen récemment décrit dans la revue Geology : une limule appartenant à l’espèce préhistorique Euproops danae. Si l’animal était également enveloppé de sidérite, un second minéral est entré en jeu, ce qui fait que son cerveau apparaît d’un blanc éclatant, tranchant nettement avec la roche brune.

« Ce cerveau d’Euproops a été reproduit par un minéral argileux de couleur blanche appelé kaolinite », explique le professeur John Paterson, co-auteur de l’étude. « Cette coulée minérale se serait formée plus tard à l’intérieur de la cavité laissée par le cerveau, longtemps après sa désintégration. Sans ce minéral blanc bien visible, nous n’aurions peut-être jamais pu le repérer. »

Lorsque les chercheurs ont comparé le cerveau de la créature préhistorique à ceux des limules modernes, ils ont constaté que la structure de base semblait avoir très peu changé au cours des centaines de millions d’années s’étant depuis écoulées.

Fossile (A) et dessins interprétatifs du cerveau de la limule préhistorique (B et C), comparé à celui d’un représentant juvénile de l’espèce moderne Limulus polyphemus (D) — © Russell Bicknell / Steffen Harzsch

« Le système nerveux central du fossile est étroitement comparable à celui des limules vivantes »

« Le système nerveux central du fossile est étroitement comparable à celui des limules vivantes et correspond à la disposition des nerfs vers les yeux et les appendices », souligne Paterson. « Il présente également la même ouverture centrale pour le passage de l’œsophage. C’est tout à fait remarquable, étant donné l’importante diversification morphologique et écologique qui a eu lieu dans le groupe au cours des 310 millions d’années écoulées. »

De telles découvertes pourraient notamment aider les scientifiques à mieux comprendre la biologie des animaux anciens, ainsi que le processus d’évolution sur de longues périodes.

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