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Les bâtons de message, l’outil de communication non verbale des Aborigènes d’Australie

Plusieurs de leurs motifs et symboles restent inexpliqués

aborigène
— ChameleonsEye / Shutterstock.com

Le monde moderne peut avoir des difficultés à décoder les messages transmis par des cultures anciennes. Un exemple frappant est celui des bâtons de message utilisés par les Aborigènes d’Australie, la culture vivante la plus ancienne de notre planète. Même si ces objets jouent un rôle crucial dans le maintien des liens sociaux et culturels entre les tribus, leur véritable signification demeure largement inexplorée. 

Les bâtons de message

Les bâtons de message sont des objets en bois de tailles variées, souvent entre 10 et 30 centimètres, façonnés en formes cylindriques ou aplaties. Leur aspect le plus intrigant réside dans les motifs et les symboles gravés à leur surface. Loin d’être de simples ornements, ces marques ont une fonction spécifique : elles servent de guide pour la transmission de messages oraux, souvent de grande importance.

Les messagers, généralement choisis pour leur fiabilité, marchaient parfois des centaines de kilomètres pour livrer ces bâtons de message à d’autres clans ou nations aborigènes. Une fois arrivés à destination, ils récitaient le message associé au bâton, en s’appuyant sur les motifs gravés pour donner du contexte et de la précision à leur récit. Les messages transmis variaient de simples invitations à des déclarations plus graves comme l’annonce d’une guerre ou d’un décès.

De manière unique, ces bâtons étaient également évolutifs. Ils pouvaient être modifiés et enrichis au fur et à mesure de leur passage de main en main, formant une sorte de registre public. Selon un anthropologue qui a étudié la tribu Wurundjeri de la région de Melbourne, les anciens inspectaient souvent le bâton et y ajoutaient d’autres marques si nécessaire, avant de le transmettre à la communauté suivante ou de le renvoyer à son expéditeur original.

Des symboles mystérieux

Pourtant, la signification précise des motifs et symboles gravés demeure un mystère, principalement en raison du manque de recherches contemporaines. La première étude anthropologique formelle sur le sujet ne remonte qu’à la fin du XIXe siècle, selon le Dr Piers Kelly, anthropologue linguistique à l’université de Nouvelle-Angleterre en Australie.

Depuis lors, les travaux sur le sujet ont été rares, laissant de nombreuses questions sans réponse sur l’histoire, la fonction et la signification de ces bâtons de message. Certains symboles étaient clairs, d’autres plus abstraits. Le manque de documentation et de recherches modernes a rendu difficile l’interprétation de ces symboles. Les anciens Aborigènes avaient probablement une connaissance approfondie de ces signes, mais au fil du temps, certaines connaissances se sont perdues.

— © GordonMakryllos / Wikimedia Commons

L’impact de la colonisation et la résilience culturelle

Malheureusement, l’arrivée des colons européens en Australie a gravement perturbé ce système de communication. Le Dr Kelly note que la violente expansion de la frontière coloniale aux XVIIIe et XIXe siècles a déstabilisé les réseaux intertribaux et rendu les longs déplacements presque impossibles pour les Aborigènes. Par ailleurs, certains colonisateurs ont trivialisé l’importance des bâtons de message, les considérant comme des « hiéroglyphes primitifs », tandis que d’autres les ont simplement ajoutés à des collections de musées, déconnectant ces artefacts de leur contexte culturel et fonctionnel.

Cependant, il est encourageant de constater que cette tradition séculaire n’a pas totalement disparu. En 2020, la sénatrice australienne Lidia Thorpe a fait une déclaration audacieuse en entrant au Parlement avec un bâton de message orné de 441 marques, symbolisant chaque membre des Premières Nations décédé en détention depuis 1991, une déclaration puissante sur l’oppression continue des Aborigènes en Australie. Pour aller plus loin, découvrez le mont Uluru, ce lieu sacré pour les Aborigènes d’Australie, sous un angle inédit.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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