© Costanzo et al., PLOS One, 2021

C’est une belle découverte que viennent de faire des archéologues : des milliers de tombes islamiques médiévales viennent d’être sorties de terre. Elles sont d’ailleurs mystérieusement disposées. Explications.

Des milliers de tombes islamiques médiévales découvertes

Découvertes dans la région de Kassala, dans l’est du Soudan, ces plus de 10 000 tombes étaient mystérieusement disposées selon des motifs difficiles à détecter. Parmi elles, des tombes sacrées de parents abritant des sous-groupes de sépultures émanantes, comme l’ont rapporté dans la revue PLOS One les archéologues qui ont étudié ces monuments funéraires avec une méthode conçue pour la cosmologie.

Les spécialistes ont utilisé l’imagerie satellite afin d’identifier leur emplacement. Les monuments comprennent des tumulus faits de pierre. Il s’agit de structures surélevées répandues dans la préhistoire et l’histoire africaines, et qubbas, terme faisant référence aux tombes et sanctuaires islamiques dans le monde panarabe. Grâce à leur étude, les archéologues ont de surcroît pu identifier des zones où les matériaux de construction étaient disponibles.

Il faut également savoir que la région de Kassala est habitée par le peuple Beja, dont nombreux sont ceux à vivre encore selon le mode de vie semi-nomade.« Les groupes locaux sont très probablement des cimetières tribaux/familiaux du peuple Beja. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les emplacements précis des tombes ‘parents’. Des recherches supplémentaires pourraient également révéler qui a été enterré dans ces tombes parentales et ce qui les rendait si spéciales », ont expliqué les auteurs de l’étude.

© Costanzo et al., PLOS One, 2021

Des données difficilement interprétables

Une fois que les monuments funéraires ont été cartographiés, l’équipe a eu du mal à interpréter les données, peu de monuments ayant été fouillés. « Nous avons relevé le défi d’interpréter la création du paysage funéraire avec presque aucune donnée archéologique traditionnelle, mais nous avions un ensemble de données suffisamment important pour pouvoir émettre l’hypothèse de la présence de processus complexes à la fois à l’échelle régionale et locale », a expliqué à Live Science Stefano Costanzo, doctorant en archéologie à l’Université de Naples – L’Orientale, en Italie, et auteur principal de l’article de la revue.

Il poursuit : « À l’œil nu, il était clair que les tombes groupées étaient conditionnées par l’environnement, mais une signification plus profonde peut avoir été impliquée dans leur disposition spatiale. »

Afin de les aider à détecter ce qui se trouvait dans ces tombes, ils ont finalement opté pour la méthode du processus d’amas de Neyman-Scott, développée à l’origine pour étudier les modèles spatiaux des étoiles et galaxies. « La plus grande caractéristique de ce modèle réside dans le fait qu’il peut traiter des ensembles de données archéologiques qui manquent de données de fouilles et de documents historiques mais sont composées d’un très grand nombre d’éléments, ce qui est la base d’analyses statistiques significatives », a détaillé Stefano Costanzo.

Des méthodes et résultats particulièrement intéressants

Des chercheurs non affiliés à la recherche ont même déclaré que les méthodes et résultats de l’équipe étaient particulièrement intéressants. « L’approche est bien adaptée à l’enquête sur les groupes nomades, qui s’étendent sur de vastes territoires », a déclaré Derek Welsby, un gardien adjoint au British Museum. « La recherche devrait faciliter les futures fouilles dans la région. »

Par ailleurs, la technique cosmologique utilisée par les archéologues « ressemble à un ajout assez intéressant et potentiellement précieux à l’arsenal déjà assez important de méthodes statistiques de l’archéologie pour mieux comprendre le développement de paysages comme ceux-ci », a déclaré David Wheatley, professeur d’archéologie à l’université de Southampton au Royaume-Uni. Ces découvertes fournissent aussi des informations sur l’histoire des personnes qui vivent dans cette région du monde.

Toutefois, Philip Riris, maître de conférences en modélisation archéologique et paléoenvironnementale à l’université de Bournemouth au Royaume-Uni, a tout de même suggéré une limite à cette étude. Il est effectivement préoccupé par le fait que l’équipe ait inclus « des tombes de périodes très différentes dans le même modèle. Ceci est risqué car différentes traditions funéraires sont mélangées. »

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