Le manque de sommeil augmenterait les risques d’Alzheimer. C’est en tout cas la conclusion d’une étude d’une équipe de l’École de médecine de l’université Washington à Saint-Louis. Leur publication dans les Annales de neurologie révèle une production importante de peptide bêta-amyloïde en cas de problèmes de sommeil chroniques.

 

Un risque d’Alzheimer 25 à 30 % plus important

Les scientifiques de l’université Washington ont étudié huit volontaires âgés de 30 à 60 ans. Trois choix se sont imposés à eux : dormir normalement, ne pas dormir, ou dormir à l’aide de l’oxybate de sodium, un narcotique qui favorise le sommeil à ondes lentes. Les participants sont restés 36 heures pour faciliter l’observation des scientifiques, depuis leur réveil jusqu’à l’après-midi du jour suivant.

Au cours de l’expérience les volontaires portaient un cathéter lombaire. Ce dernier récoltait toutes les deux heures une faible quantité de liquide céphalorachidien – liquide entourant le cerveau et la moelle épinière – dans le but d’étudier les variations de leurs niveaux de bêta-amyloïdes.

Les résultats sont tombés : les personnes privées de sommeil lors de l’expérience ont eu un taux de bêta-amyloïdes 25 à 30 % plus élevés que les personnes ayant dormi avec ou sans narcotique.

Des scientifiques convaincus, mais rassurants

Randal Bateman, premier auteur de l’étude s’exprime sur les résultats de l’expérience : “Cette étude est la démonstration la plus claire chez l’homme que la perturbation du sommeil conduit à un risque accru de maladie d’Alzheimer par un mécanisme bêta-amyloïde”. Un mécanisme assuré par une production accentuée de la peptide bêta-amyloïde nocive lors d’un manque de sommeil.

Brendan Lucey, un autre auteur, se veut rassurant et tempère : « Je ne veux pas que les gens pensent qu’ils vont avoir la maladie d’Alzheimer parce qu’ils ont passé une nuit blanche à l’université ». Les scientifiques sont surtout inquiets concernant “les personnes ayant des problèmes de sommeil chroniques.”

Des cas de démence en augmentation régulière

45,7 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dans 60 à 70 % des cas la maladie d’Alzheimer est en cause. Le nombre de nouveaux cas est en perpétuelle augmentation. L’un des plus forts taux de malades est en France, avec 900 000 personnes concernées.

La maladie d’Alzheimer émerge en grande partie sans prévenir après 65 ans. La perte de mémoire n’est pas la seule dégradation chez les individus concernés. Les capacités cognitives détériorées entraînent d’autres complications : agressivité, égarement géographique ou vulnérabilité aux abus de personnes malveillantes”, comme l’explique la Fondation Pour la Recherche Médicale en France.

La réalisation d’études supplémentaires est nécessaire pour comprendre si un meilleur sommeil permettrait la réduction du taux de bêta-amyloïde, censé diminuer lors d’une nuit de sommeil.  Le problème étant le suivant : sans diminution de ce taux, un dépôt d’amyloïde est favorisé dans le cerveau, entraînant un sommeil plus fragile avec pour conséquence un taux de cette molécule plus élevé. Une recommandation des scientifiques : une bonne de nuit de sommeil de sept à huit heures.

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