Se déplacer dans les couloirs souterrains du métro est souvent un calvaire. Entre la foule, les odeurs et le bruit, il y a de quoi être déboussolé. Mais imaginez l’obstacle supplémentaire que constitue la déficience visuelle. Pour les personnes aveugles et malvoyantes, prendre les transports en commun est parfois un défi quotidien. C’est pourquoi Umesh et Maya ont créé une nouvelle application permettant de guider les aveugles dans le métro : Wayfinder. Les premiers essais dans le métro londonien ont été brillamment réussis. SooCurious vous en dit plus sur cette nouvelle technologie incroyable qui va faciliter la vie des personnes atteintes de cécité.

Jusqu’à présent, les personnes atteintes de déficience visuelle pouvaient demander à un employé du réseau de transport de les guider pour les mener jusqu’aux quais du célèbre Tube londonien. « C’est brillant », disait Katherine Payne, de la Royal London Society for Blind People (RLSB), une association défendant les malvoyants. Brillant, mais pas idéal. En effet, les aveugles ont besoin d’indépendance et non de dépendance. C’est pourquoi, la société USTWO s’est jointe à la RLSB pour créer un système de balises Bluetooth équipées qui guident vocalement les malvoyants (à l’aide d’écouteurs) dans le métro. L’équipe vient de réaliser un essai de quatre semaines dans la station Pimlico dans le sud-est de Londres. L’objectif est, à terme, d’étendre le dispositif à de plus grandes stations et de créer un réel réseau qui aiderait les aveugles à se déplacer librement dans le Tube.

L’équipe de USTWO, dirigée par Umesh Pandya et Maya Bonkowski, voulait depuis le début utiliser la technologie des balises pour alimenter le projet. Reliées par Bluetooth, elles peuvent communiquer ensemble pour localiser les smartphones. Le principal défi était de pouvoir, par la suite, communiquer de la meilleure façon qui soit le renseignement du lieu. C’est pourquoi ils ont créé en parallèle une application pour smartphone : Wayfinder.

USTW0 a eu la volonté de créer un dispositif standard pour permettre à de nouveaux développeurs de l’utiliser dans l’optique d’inventer leurs propres applications. De nombreuses questions se sont alors posées : « De quelle manière structurer les phrases pour les renseignements ? Quelle quantité d’informations donner aux malvoyants ? », dit Pandya. « Ont-ils besoin d’autres sons pour leur faire comprendre que la notification arrive ? » Ces nuances n’étaient pas immédiatement évidentes lors de la conception de l’application. Le choix des mots a posé question. « Diagonale », par exemple, signifie peu de chose pour quelqu’un atteint de cécité. Au lieu de cela, il s’en sont tenus à de simples instructions comme « gauche » et « droite », des instructions qui permettent aux malvoyants d’avoir une compréhension plus concrète de l’espace dans lequel ils se trouvent. La distance fut également l’objet d’interrogations épineuses. Par exemple, « tournez à gauche dans 10 mètres » est une indication complexe à saisir pour quelqu’un qui n’a pas d’idées relatives de la distance.

Les concepteurs ont décidé d’installer 50 balises dans un premier temps pour permettre d’avoir une indication minute par minute. Après le test, ils ont réalisé que 25 balises étaient suffisantes. Les personnes malvoyantes sont habituées à détecter et analyser leur environnement grâce notamment aux cannes, aux chiens-guides ainsi qu’à leur expérience et leur capacité d’écoute attentive. « En réalité certains malvoyants parviennent à trouver leur chemin sans instructions, dit Bonkowski, cela nous permet de rendre le système moins rigide. »

Les balises sont positionnées au niveau des plafonds (pour maximiser l’exposition du signal) et sont particulièrement importantes dans les escaliers et les longs couloirs où le rappel « vous n’êtes pas perdu » est l’un des plus utiles. L’application est étonnamment légère sur un smartphone compte tenu du groupe d’utilisateurs ciblés. Payne indique que les personnes qui l’ont utilisée pendant le test pensaient qu’ils en auraient besoin que pour les cinq ou dix premiers voyages pour ensuite naviguer dans les couloirs librement et indépendamment. « Inculquer le sentiment d’indépendance aux personnes aveugles leur permet d’avoir une vie plus riche, explique Payne, mais cela modifie également la perception des autres personnes à leur égard puisqu’elles vont se rendre compte que les personnes malvoyantes peuvent aller partout, comme tout le monde. »

 

La balise émet un signal qui est détecté par les smartphones

 

 

Bienvenue à la station Pimlico. Descendez jusqu’au hall des guichets.

 

Tournez à gauche et descendez les escaliers. Il y a 9 marches. Prenez à droite puis avancez jusqu’aux bornes de tickets.

 

Vous approchez des bornes de tickets. L’escalator est tout droit.

 

Vous approchez de la fin de l’escalator. Avancez tout droit jusqu’à la fin du hall.

 

Tournez à gauche pour le train en direction de la station Walthamstow Central. Tournez à droite pour celui en direction de Brixton.

 

Vous êtes arrivé sur le quai.

Ce dispositif est incroyable ! A l’aide de leur smartphone, les malvoyants pourront désormais naviguer librement dans les couloirs du métro sans qu’aucune personne ne les aide. L’indépendance prend le pas sur la dépendance. On espère que cette nouvelle application ainsi que les balises pourront se développer dans les métros à travers le monde. Pensez-vous que les aménagements qui permettent de faciliter la vie des personnes aveugles et malvoyantes sont aujourd’hui assez présents dans nos villes ?

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