Le rire est un des meilleurs moyens de communication chez l’être humain. Il apparait dès son plus jeune âge et évolue en grandissant. Des scientifiques ont donc eu une idée un peu farfelue : doter des robots de ce merveilleux outil de partage qu’est le rire. Ce projet a pour but d’améliorer à terme les échanges entre robots et humains. DGS vous en dit plus sur ce concept original.

Des scientifiques européens ont eu une idée originale… développer le rire chez des avatars (personnages animés par ordinateur) et par la suite chez les robots. Derrière ce projet étrange, un vrai objectif : rapprocher les robots et les humains en améliorant la communication.

Greta, un avatar qui rigole

Les chercheurs veulent faire rire les avatars et les robots d’une façon convaincante. Pour ce faire, ils espèrent pouvoir reconstruire le rire. « Comme pour la voix, il y a deux façons de recréer le rire, soit par concaténation soit par synthèse », explique Olivier Pietquin. La première méthode permet de créer une base de données d’échantillons de rire avec différents styles et intensités. Ainsi le logiciel qui anime l’avatar peut les combiner pour imiter divers éclats de joie. La seconde méthode prend pour appuie un modèle statistique basé sur des milliers de rires différents. A partir de là, le logiciel va synthétiser le son afin d’obtenir le plus juste. Cependant, cette dernière méthode est moins efficace que la première : « le rire synthétisé est plutôt métallique » alors que « le rire par concaténation sonne plus naturel ». La seule véritable contrainte de la première méthode est la limite de la base de données trop restreinte.

Le robot peut donc imiter le rire mais aussi des éléments qui vont avec. Ce dernier peut par exemple associer le rire à l’expression du visage la plus appropriée. Ainsi il peut reproduire l’expression des yeux qui permettent de différencier, en temps normal, un rire naturel d’un rire forcé, la respiration saccadée, le mouvement des épaules qui montent et descendent deux fois et demie par seconde…

 

Thierry Ardisson et son robot animateur

Les robots n’ont pas pour autant le sens de l’humour. En effet, pendant les tests menés lors du projet ilhaire, les chercheurs ont pu constater que les avatars rigolaient moins que les humains dans une mise en situation : le robot devait analyser les réactions de deux personnes qui jouaient à ni oui ni non et imiter les joueurs qui exprimaient le rire. D’après Olivier Pietquin, « le robot n’est pas capable de saisir le contexte social, les références utilisées par les joueurs », le sens de l’humour est « beaucoup trop complexe pour lui ».

Un autre projet nommé JOKER mené par le LIMSICNRS, tente d’améliorer les interactions avec les humains, en travaillant avec Nao, un robot qui peut détecter le rire, certaines émotions de son interlocuteur, ainsi que son sexe, sa satisfaction, son énervement… Dès lors, le petit robot construit le profil de l’individu et peut sélectionner la blague parmi celles pré-enregistrées, qui fera le plus rire la personne. L’humanoïde peut par exemple lancer « T’entends mes bras qui grincent ? ». Les blagues sont conçues de sorte « qu’il se présente en tant que machine et non comme une copie humaine », explique Laurence Devillers. Ainsi le projet BPI ROMEO2 a pour but de concevoir Romeo : un robot compagnon et assistant (grand frère de Nao) qui pourrait interagir avec des personnes âgées.

 

Romeo, le robot assistant-compagnon

Ces quelques projets ont un but commun : celui d’améliorer la communication entre humain et robot. En effet, le rire est un outil de communication très efficace qui permet de créer un lien affectif entre les personnes. C’est un peu l’idée de base qui inspire les scientifiques : rapprocher les humains des machines en rigolant ! Pour Laurence Devillers, « sans émotion, il n’y a pas de communication. On a l’impression de se retrouver devant un mur ». Une discussion peut comprendre plusieurs mimiques ou rires qui rendent la conversation plus expressive et plus agréable. Les robots dotés d’un tel outil auraient donc un discours plus naturel mais l’interlocuteur aurait plus d’empathie pour lui. Dans le cadre de l’apprentissage via Internet, « des études ont montré que, s’il existe une certaine empathie de l’élève envers l’enseignant avatar, cela améliore l’engagement de l’élève. Il va revenir plus souvent faire ses exercices », nous explique Olivier Pietquin.

Cependant, les chercheurs restent réservés quant à l’avenir de ces machines au quotidien, « plus les machines semblent sympathiques, plus les utilisateurs vont penser qu’elles ont raison sans remettre en cause » ce qu’elles disent. Le danger c’est que ces robots soient utilisés à de mauvaises fins : ils pourraient par exemple être utilisés dans un but commercial et persuader les gens d’acheter des produits en jouant sur leurs sentiments et émotions.

 

Nao, le robot humanoïde qui peut blaguer avec vous

 

L’avatar de femme rigole

 

L’avatar d’homme qui rigole

Quelle avancée scientifique incroyable ! Les robots ressemblent de plus en plus aux humains. A la rédaction, on adorerait voir un robot faire des blagues mais on préfère tout de même rigoler entre nous. 😉 Pensez-vous que l’humour pourrait améliorer nos interactions avec les robots ?

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