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Les humains sont responsables de la disparition du rhinocéros laineux, selon une étude

Cette étude contredit des recherches antérieures affirmant que l'Homme n'a joué aucun rôle dans cette extinction

Rhinoceros Laineux
— © Mr Langlois10 / Wikimedia Commons

L’extinction du rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis) au début de l’Holocène est longtemps restée un mystère pour les scientifiques, avec des preuves contradictoires. Récemment, une équipe de chercheurs des universités d’Adélaïde et de Copenhague a utilisé des techniques de modélisation informatique avancée, ainsi que des données paléontologiques et génétiques, pour explorer les causes de cette disparition. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Les mystères de l’extinction

Originaire du plateau tibétain il y a environ 2,5 millions d’années, le rhinocéros laineux était une espèce bien adaptée aux climats froids. Doté d’une épaisse peau et d’une longue fourrure, ce rhinocéros avait une taille comparable à celle du rhinocéros blanc d’Afrique (Ceratotherium simum). 

Selon les fossiles, il aurait disparu il y a environ 13 900 ans, bien qu’il ait survécu aux nombreux cycles glaciaires et interglaciaires du Pléistocène. Cependant, la découverte récente d’ADN de rhinocéros laineux dans des sédiments datant du début de l’Holocène suggère une extinction plus tardive, il y a environ 9 800 ans. Bien que cette estimation soit sujette à débat, il est improbable que cette date soit due à une redéposition de l’ADN, selon les chercheurs.

Une extinction due à plusieurs facteurs

Selon le Dr Damien Fordham de l’université d’Adélaïde, à l’aide de modèles informatiques, de fossiles et d’ADN anciens, l’étude a retracé 52 000 ans d’histoire de la population de rhinocéros laineux avec une précision sans précédent. Cette approche a permis de mieux comprendre les facteurs environnementaux et anthropiques qui ont conduit à l’extinction de cette espèce.

À partir de 30 000 ans, une combinaison de refroidissement climatique et de chasse humaine modérée mais continue a conduit à une réduction progressive de l’aire de répartition de l’espèce. Les rhinocéros laineux se sont retrouvés confinés dans des habitats de plus en plus isolés, qui se sont rapidement détériorés à la fin de la dernière période glaciaire.

Avec le réchauffement de la Terre et la hausse des températures, les habitats appropriés pour les rhinocéros laineux ont disparu, empêchant ces animaux de recoloniser les nouvelles zones disponibles dans le nord de l’Eurasie. Cette incapacité à s’adapter aux changements environnementaux a conduit à un effondrement de leur population et, finalement, à leur extinction.

rhinocéros laineux
— © Wikipek / Wikimedia Commons

L’influence humaine

Contrairement aux idées précédentes, cette nouvelle étude révèle que l’activité humaine a joué un rôle significatif dans l’extinction du rhinocéros laineux. Bien que l’espèce ait cohabité avec l’Homme pendant des dizaines de milliers d’années, la persistance d’une chasse à faible intensité par les humains a contribué à la réduction de leur population.

Selon le professeur Eline Lorenzen de l’université de Copenhague, les réponses démographiques révélées par l’analyse étaient d’une résolution bien supérieure à celle des études génétiques précédentes. Cela a permis de révéler des interactions significatives entre les humains et les rhinocéros laineux, notamment une chasse persistante à faible intensité, probablement pour se nourrir.

Les chercheurs soulignent que les menaces environnementales posées par les humains aujourd’hui sont similaires à celles qui ont contribué à l’extinction du rhinocéros laineux. Actuellement, les populations de grands animaux sont poussées dans des habitats fragmentés et moins optimaux en raison de la chasse excessive et de la modification de l’utilisation des terres par l’Homme. À la fin du Pléistocène, il existait 61 espèces de grands herbivores terrestres pesant plus d’une tonne, mais seulement huit de ces espèces survivent aujourd’hui, dont cinq sont des rhinocéros.

Le professeur David Nogues-Bravo de l’université de Copenhague explique que ces résultats révèlent comment le changement climatique et les activités humaines peuvent entraîner l’extinction de la mégafaune. Cette compréhension est essentielle pour élaborer des stratégies de conservation visant à protéger les espèces actuellement menacées, comme les rhinocéros vulnérables d’Afrique et d’Asie. Par ailleurs, l’ADN du rhinocéros laineux a été reconstitué grâce à des crottes de hyènes.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Sci.News

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