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Qui étaient les vrais Aryens avant que le nom ne soit repris par les racistes ?

Un peuple nomade devenu un symbole raciste

Aryens
— © रोहित साव27 / Wikimedia Commons

Le mot “aryen” fait penser au racisme, au suprémacisme racial et à l’hyper-nationalisme. Pourtant, ce terme n’a pas toujours eu ce sens. Il désignait à l’origine un groupe de nomades qui a migré de l’ancienne Iran vers l’Inde il y a environ 3 700 ans. Comment ce terme a-t-il été transformé en une idée de race supérieure ? Quel rôle ont joué les études linguistiques, le siècle des Lumières et le national-socialisme allemand dans cette évolution ? Cet article retrace l’histoire et les enjeux du terme “aryen” et de ses dérivés.

Les Aryens, un peuple nomade sans prétention raciale

Il y a environ 3 700 ans, un groupe de nomades a quitté l’ancienne Iran pour se rendre en Inde. Les civilisations qui vivaient alors dans la vallée de l’Indus les appelaient ārya. C’est de ce mot que vient le terme “aryen”.

Les civilisations de la vallée de l’Indus étaient très développées. Selon la légende, les Aryens auraient détruit cette ancienne culture et sa civilisation. Les textes anciens de l’Inde, ainsi que les écrits religieux comme les Vedas, seraient l’œuvre de ces envahisseurs.

En fait, les Aryens n’étaient pas une armée conquérante et destructrice. Ils semblent avoir migré plus lentement, sans laisser de traces. La disparition des civilisations de la vallée de l’Indus serait plutôt due à des changements dans l’environnement. Les Aryens ont alors pu s’établir et prendre leur place.

Les témoignages que nous avons sur les Aryens viennent de sources extérieures, car la plupart ont été perdus dans l’histoire. Hérodote, un historien grec, a par exemple décrit les Aryens comme un peuple venant de la Médie. D’autres disent qu’Hérodote ne faisait que répéter des rumeurs de son époque.

On trouve aussi des traces des Aryens dans les textes sacrés du zoroastrisme. L’Avesta zoroastrien contient le terme “Airyanem Vaejah”, qui signifie “domaine des Aryens” et qui renvoie à une patrie imaginaire des premiers Iraniens. Il faut se souvenir que ces références ne parlent pas d’un groupe racial, et encore moins d’un groupe avec des qualités supérieures.

Le siècle des Lumières, le berceau du mythe aryen

L’idée de “race aryenne” est liée à plusieurs thèmes du siècle des Lumières. Le premier est lié à la recherche de l’origine de l’humanité à la fin du XVIIIe siècle. À une époque où beaucoup d’États-nations européens commençaient à se former, les gens voulaient créer des mythes fondateurs qui valorisaient leur nation.

Les gens du siècle des Lumières ont adopté une histoire basée sur la géographie, la linguistique et l’histoire. Il était courant de parler de l’ancienne Perse et, surtout, de l’Inde comme du possible berceau de l’humanité. Les Britanniques avaient découvert et contrôlé la région. Les écrivains voyageurs de l’époque faisaient l’éloge du sous-continent indien et affirmaient qu’il était unique en son genre.

La linguistique comparative moderne a commencé à s’intéresser à la littérature persane ancienne ainsi qu’au sanskrit indien, l’une des langues les plus anciennes connues. Les fils du mythe aryen commencent à se rejoindre ici.

À l’époque, la philologie – l’étude des langues, de leurs origines et de leurs relations – était très appréciée. Certains érudits, dont William Jones, juge britannique au Bengale, pensaient que le sanskrit et les langues européennes ultérieures avaient des caractéristiques communes.

Grâce à ses recherches, Jones est arrivé à la conclusion que le sanskrit devait être la langue originelle à partir de laquelle toutes les langues européennes contemporaines ont été formées. Si tel est le cas, une race de personnes supérieures ayant envahi l’Europe depuis l’est en apportant leur ancienne langue doit avoir diffusé cette langue mère.

— © Fabienkhan / Wikimedia Commons

Le national-socialisme allemand, l’apogée du mythe aryen

Les études indo-européennes ont été très prisées en Allemagne. Elles sont devenues une “science” de la généalogie. Au début du XIXe siècle, l’Allemagne cherche à établir une histoire des origines qui la différencie du reste de l’Europe. Elle traverse une grave crise d’identité.

En plus d’aborder l’histoire indo-européenne, des auteurs allemands célèbres comme Friedrich Schlegel ont commencé à lui donner une tournure nettement germanique. Schlegel, en particulier, a avancé l’hypothèse cruciale que les anciens “Aryens” perses étaient les ancêtres du peuple allemand.

La ressemblance frappante du nom avec le mot allemand “Ehre”, qui signifie “honneur”, est bien connue. Peu après, d’autres intellectuels du siècle des Lumières ont utilisé des mots comme “indo-germanique” pour décrire les Aryens et leurs ancêtres européens.

Les origines de la race aryenne se sont progressivement déplacées de l’Inde vers l’Occident à l’approche du XIXe siècle. Plus précisément, l’Allemagne et la Scandinavie sont considérées comme le berceau de la civilisation humaine. Le mythe indo-européen s’est transformé en un mythe national germanique.

Cette diffusion a servi de base aux opinions nationalistes et racialistes d’Adolf Hitler. Il pensait que le peuple germanique était génétiquement supérieur. Il pensait aussi que la supériorité raciale de la race germanique était attaquée par des races “inférieures”, y compris le peuple juif.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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