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Des archéologues découvrent des preuves vieilles de 1 500 ans d’une possible apocalypse viking

Une catastrophe climatique pourrait être à l'origine du mythe du Ragnarök

Ragnarok Vikings
— Wirestock Creators / Shutterstock.com

Depuis des siècles, la mythologie nordique évoque un récit apocalyptique où le monde s’effondre dans une bataille finale appelée le Ragnarök. Cette fin des temps, précédée d’un hiver interminable nommé Fimbulwinter, a longtemps été perçue comme un symbole de destruction et de renaissance. Mais si ces événements mythologiques avaient une base historique ? Une série d’événements climatiques extrêmes, survenue autour de l’an 536 de notre ère, pourrait avoir inspiré cette sombre légende viking.

Le Fimbulwinter

Le Fimbulwinter, également connu sous le nom de « grand hiver », tel que décrit dans les récits nordiques, est un hiver terrifiant qui dure trois années sans interruption, sans laisser place à l’été, avant l’arrivée de Ragnarök. Durant cette période glaciale, des tempêtes de neige couvrent les terres, des températures glaciales anéantissent les cultures, et la famine pousse les humains à se battre pour leur survie. Peu après, le Ragnarök doit commencer.

Traditionnellement, cette histoire est vue comme une métaphore du cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Mais depuis quelques décennies, certains chercheurs pensent que cet hiver mythique pourrait s’appuyer sur des événements climatiques réels qui auraient frappé il y a plus de 1 500 ans.

L’année 536 est souvent qualifiée de « pire année de l’histoire » en raison d’une série d’événements volcaniques ayant engendré un « hiver volcanique » d’une intensité et d’une durée exceptionnelles. Des éruptions dans l’hémisphère nord ont projeté des cendres et des gaz qui ont obscurci le ciel pendant des années, entraînant une baisse des températures et des perturbations climatiques graves. Les témoignages historiques et les analyses scientifiques révèlent des anomalies climatiques majeures : des chutes de neige en plein été en Chine, des températures chutant de 2,5 °C en Europe, des sécheresses au Pérou et une vague de peste en Égypte en 541.

Les anneaux des arbres, témoins d’un cataclysme

Des recherches récentes menées par le Musée national du Danemark et publiées dans le Journal of Archaeological Science : Reports indiquent que cette catastrophe climatique a eu un impact profond sur les populations nordiques. Selon Morten Fischer Mortensen, chercheur principal, « la plus grande catastrophe climatique de l’histoire de l’humanité a touché le Danemark – de manière catastrophique ». Pour la première fois, ces recherches révèlent l’ampleur de cette crise dans les régions scandinaves, ouvrant la possibilité que le mythe du Fimbulwinter puise ses origines dans cette période de désolation.

Les scientifiques danois ont étudié les cernes des arbres datant du sixième siècle pour mesurer l’impact de ce refroidissement climatique sur la végétation et l’agriculture. Plus de 100 échantillons de chêne révèlent des périodes de croissance quasi inexistante, particulièrement entre les années 539 et 541. Cette faible croissance des arbres est le signe d’étés froids, ce qui aurait dramatiquement compromis la production agricole dans une société dépendante des récoltes pour survivre.

Selon Morten Fischer Mortensen, lorsque les arbres ne pouvaient pas pousser, rien ne pouvait non plus pousser dans les champs. Cette crise agricole aurait poussé les populations à abandonner leurs terres, des forêts ayant ensuite recouvert ces champs délaissés. Les témoignages archéologiques des pays voisins, comme la Norvège et la Suède, suggèrent que près de la moitié de la population aurait succombé, et il est probable que le Danemark ait subi des pertes similaires. Les traces de cette époque, cachées dans ces cernes d’arbres, rappellent une ère de souffrance qui pourrait avoir inspiré la mythologie.

Offrandes sacrées et transformation des pratiques agricoles

Les archéologues ont découvert des trésors enfouis datant précisément de cette période difficile : cornes en or, le trésor de Vindelev et celui de Broholm, tous enfouis au cœur du Danemark. Ces objets précieux ont vraisemblablement été offerts aux dieux dans l’espoir de mettre fin aux épreuves climatiques, ou du moins d’apaiser les divinités pour que le soleil revienne. Le contraste est frappant avec les époques précédentes, où de telles offrandes étaient moins fréquentes, ce qui laisse supposer que cette crise a poussé les habitants à multiplier les sacrifices rituels.

En réponse à cette crise, la population a dû revoir ses stratégies agricoles pour survivre aux variations climatiques imprévisibles. L’une des adaptations notables a été l’essor de la culture du seigle, une céréale plus résistante au froid et à l’absence de lumière. Le seigle, moins dépendant du soleil que le blé, est ainsi devenu une culture essentielle en Scandinavie dans les siècles qui ont suivi, offrant une protection contre d’éventuels hivers rigoureux. 

Ces événements climatiques et leur impact sont-ils les véritables origines du Fimbulwinter ? Bien qu’il n’existe pas de preuve définitive liant ce refroidissement aux mythes du Ragnarök, les parallèles sont frappants. Les catastrophes naturelles, comme les grandes éruptions volcaniques de 536, auraient pu inspirer des récits apocalyptiques où la nature semble déchaînée et hors de contrôle. Comme le souligne Mortensen, les mythes sont parfois des souvenirs d’événements réels, réinterprétés et transmis à travers des générations. Par ailleurs, les Vikings n’étaient pas du tout comme vous les imaginiez.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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