Et si perdre la mémoire n’était plus une fatalité ? C’est ce que suggère une étude récente menée par des chercheurs de Virginia Tech, publiée le 26 octobre 2025. En s’appuyant sur les outils les plus pointus de la génétique moderne, l’équipe a restauré les capacités mnésiques de rats âgés. Cette avancée remet en question la vision traditionnelle du déclin cognitif inévitable.

La mémoire peut être réactivée en ciblant deux mécanismes clés dans le cerveau vieillissant
Le professeur Timothy Jarome et son équipe ont exploré deux processus clés du vieillissement neuronal. Le premier, la polyubiquitination K63, agit comme un système d’étiquetage moléculaire. Il indique aux protéines comment se comporter dans le cerveau. Avec l’âge, ce système se dérègle : il s’intensifie dans l’hippocampe, zone liée à la mémoire, et diminue dans l’amygdale, responsable des souvenirs émotionnels.
Les chercheurs ont utilisé la technologie CRISPR-dCas13 pour réduire ce phénomène dans l’hippocampe. Résultat : les performances de mémoire des rats âgés se sont nettement améliorées.
Ensuite, l’équipe a ciblé le gène IGF2, essentiel à la formation des souvenirs. Ce gène s’éteint avec l’âge à cause d’un processus naturel : la méthylation de l’ADN. Cette modification chimique bloque l’expression du gène. En retirant ces marques grâce à CRISPR-dCas9, les chercheurs ont réactivé IGF2. Les rats ont alors montré une mémoire restaurée de façon presque immédiate.
Ces découvertes prouvent que la perte de mémoire liée à l’âge n’est pas irréversible
Cette étude révèle que certains troubles cognitifs dus à l’âge peuvent être inversés. La perte de mémoire ne résulte pas seulement du temps qui passe, mais de changements moléculaires ciblables.
Pour les personnes touchées par le déclin cognitif ou la maladie d’Alzheimer, ces résultats offrent un espoir nouveau. Certes, les tests ont eu lieu sur des rats. Toutefois, leur cerveau partage plusieurs mécanismes avec celui de l’humain. Les scientifiques envisagent déjà des applications médicales futures, même si de nombreuses étapes restent à franchir.
« Nous devons comprendre l’image globale du cerveau vieillissant« , explique le professeur Jarome. En analysant les mécanismes profonds de la mémoire, la génétique pourrait bientôt proposer des solutions concrètes contre le déclin lié à l’âge.
Quels sont les prochains défis pour transformer cette avancée en traitement ?
Le potentiel de cette recherche est immense, mais plusieurs défis demeurent. Pour qu’un traitement humain voie le jour, il faudra :
- Sécuriser l’utilisation de CRISPR chez l’humain. Un mauvais ciblage génétique pourrait provoquer des effets secondaires.
- Valider les résultats sur des cerveaux humains, plus complexes que ceux des rats.
- Mesurer la durabilité des effets. Les améliorations observées résistent-elles au temps ?
Malgré ces incertitudes, cette avancée scientifique représente un tournant. Elle prouve que la mémoire n’est pas condamnée à décliner. Une nouvelle ère de la médecine du vieillissement s’ouvre, entre neurologie et génétique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences humaines