— Stu Shaw / Shutterstock.com

Il y a quelques semaines, un gigantesque iceberg de 1 270 kilomètres carrés se détachait de la calotte glaciaire antarctique et commençait sa lente dérive dans la mer de Weddell. Aujourd’hui, les chercheurs ont obtenu un aperçu rare de la vie marine évoluant sous la glace.

Une vie marine riche isolée pendant un demi-siècle

Au cours de son passage dans l’étroit couloir séparant le mastodonte nouvellement libéré, baptisé A-74, et la plateforme glaciaire de Brunt, dans le nord de l’Antarctique, le navire de recherche allemand Polarstern a réalisé des heures de vidéo et pris des milliers de clichés des créatures ayant vécu recluses à plus de 30 kilomètres sous la surface pendant des décennies. Les scientifiques de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine (AWI) ont découvert une communauté animée de mollusques, de filtreurs, d’étoiles de mer, de concombres de mer, ainsi qu’au moins cinq espèces de poissons et deux espèces de calmars.

« Les premières images du plancher océanique ont révélé un niveau étonnant de biodiversité dans une région ayant été recouverte d’une épaisse couche de glace pendant des décennies », ont-ils déclaré dans un communiqué.

Il n’est pas rare de trouver une vie marine prospère près des fonds marins de l’Antarctique : des centaines d’espèces vivent dans les eaux glaciales, parfois dans des endroits vraiment inattendus. Le mois dernier, des chercheurs ont ainsi découvert une colonie d’éponges de mer et d’autres organismes filtreurs stationnaires accrochés à un rocher situé à 900 mètres sous la plateforme glaciaire de Filchner-Ronne, près de la péninsule antarctique.

Une anémone de mer et des organismes filtreurs

Des découvertes déroutantes

Ces découvertes, ainsi que celles réalisées en mer de Weddell par le Polarstern, ont quelque peu surpris les chercheurs, principalement en raison de la présence de filtreurs stationnaires. Ces animaux (incluant coraux et éponges) se fixent quelque part et attendent que les nutriments viennent à eux, généralement sous la forme de phytoplancton – un type d’algues marines microscopiques.

Le phytoplancton dépend du Soleil pour la photosynthèse et a tendance à flotter dans la partie supérieure de l’océan, là où l’eau est la plus exposée au rayonnement solaire. Par conséquent, la découverte de communautés de créatures marines vivant dans l’obscurité, sous la glace de l’Antarctique, est pour le moins déroutante.

D’après les chercheurs de l’AWI, les nutriments, sous forme de phytoplancton ou de particules organiques provenant de la glace, sont entraînés à des milliers de mètres sous les plateformes glaciaires de l’Antarctique, permettant aux organismes y vivant de se nourrir. Pour en savoir plus sur l’écosystème de la région, l’équipe a recueilli des échantillons de sédiments, qui permettront de connaître la teneur en nutriments de l’eau.

Affiner les modèles climatiques

Des bouées de recherche ont été installées dans la région pour recueillir des données sur la température et la salinité de l’eau, ainsi que sur la vitesse des courants océaniques dans la mer de Weddell. Ces informations aideront les scientifiques à élaborer des modèles climatiques plus précis pour la région.

L’Antarctique est l’une des régions de la planète qui se réchauffe le plus rapidement et risque de perdre définitivement la majeure partie de sa glace si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites au cours de ce siècle.

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