Le 28 juin 2019 est une date mémorable du point de vue météorologique. Ce jour-là, la France a connu sa plus grande canicule dans l’Hérault avec 46 degrés enregistrés. Si pour les Français, la chaleur était suffocante et insupportable, pour les abeilles et les apiculteurs en particulier, c’était une véritable catastrophe.
Paroles d’apiculteurs
Christian Pons, un apiculteur cité par Sciences et Avenir qui exerce près de Montpellier depuis 15 ans, raconte que : « la canicule de fin juin a été catastrophique ». Du « jamais-vu » pour cet apiculteur.
Si l’apiculteur est si bouleversé par cette canicule, c’est parce qu’il faut savoir qu’une ruche abrite dans les 40.000 à 60.000 abeilles et qu’il faut toujours maintenir la température de la ruche à 34 ou 35 °C. Les abeilles peuvent ainsi soit réchauffer l’intérieur de la ruche en se regroupant soit, au contraire, l’aérer en ventilant.
Sauf qu’en ce jour fatidique du 28 juin, la chaleur était telle que les abeilles n’ont pas réussi à ventiler la ruche. L’apiculteur installé à Cournonsec, dans l’Hérault, raconte : « A ce moment-là, alors que sur un cadre, le miel est positionné en haut, autour du couvain, la cire a fondu, ça s’est affaissé en écrasant les larves et en entraînant vers le bas les abeilles et la reine. La cire a bouché les sorties si bien que les abeilles et reines sont mortes engluées et piégées à l’intérieur. »
Son constat est terrible : « Nous avons perdu 80 ruches par la fonte de cire qui a englué la colonie, la reine… »
La canicule a touché des dizaines d’apiculteurs et des millions d’abeilles
Les effets dramatiques de la canicule ne s’arrêtent malheureusement pas sur cette perte de ruches, de miel et d’abeilles. La chaleur extrême a également perturbé la ponte normale des abeilles ainsi que les récoltes de miel de garrigue, de thym et de romarin. Pour se faire une idée de l’impact, Christian Pons déclare qu’ « une année normale, on fait à peu près deux tonnes de miel de garrigue sur les différents ruchers que l’on a. Cette année, on a fait 150 kilos. »
Muriel Pascal, une apicultrice en Lozère et dans le Gard depuis 11 ans a, quant à elle, frôlé de peu la catastrophe. Elle raconte : « Je suis descendue en urgence de Lozère parce que j’avais de petites ruchettes avec des toits tôlés à Saint-Ambroix (dans le Gard). J’ai arrosé les toits et mis des cartons pour que le soleil ne tape pas dessus directement, sinon tout aurait fondu et les abeilles seraient mortes. »
Les apiculteurs demandent des indemnisations
Comme Christian Pons, Muriel Pascal déplore la récolte de cette année. Elle atteste que « les miellées ont été largement écourtées. (…) Les abeilles sont dans un état critique depuis le printemps. Et on finit avec une baisse de production de 50 à 80 % selon les apiculteurs. » Face à ce problème, les apiculteurs ne savent plus où installer leurs ruches. Ils demandent, surtout pour les jeunes apiculteurs, des indemnisations au titre des calamités agricoles.
En attendant, Christian Pons envisage d’isoler plus ses ruches, de les mettre à l’ombre et de peindre les toits en blanc. Mais ces mesures suffiront-elles si les canicules se multiplient et s’intensifient ? Des mesures plus strictes et plus élargies devraient être ainsi instaurées pour préserver les apiculteurs et tous ceux affectés par le réchauffement climatique. La question qui se pose est ainsi de savoir qui, dans l’administration et le gouvernement, pourrait recevoir et résoudre ces doléances ?
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Sciences et Avenir
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