Le 1er mars 1966, la sonde soviétique Venera 3 s’écrasait sur la surface de Vénus, devenant ainsi le premier objet fabriqué par l’Homme à atteindre une autre planète. Retour sur cette mission pionnière qui a marqué l’histoire de l’exploration spatiale.
Le rêve soviétique de Vénus
Vénus est souvent considérée comme la planète jumelle de la Terre, car elles ont une taille, une masse et une composition similaires. Mais contrairement à la Terre, Vénus possède une atmosphère très dense et épaisse, composée principalement de dioxyde de carbone et de vapeur d’eau, qui crée un effet de serre extrême. La température à la surface de Vénus peut atteindre 470 °C, ce qui est suffisant pour faire fondre le plomb. La pression atmosphérique est également 90 fois plus élevée que sur Terre, ce qui équivaut à celle que l’on trouve à 900 mètres de profondeur dans les océans terrestres.
Ces conditions infernales n’ont pas découragé les Soviétiques, qui ont fait de Vénus leur objectif principal dans la course à l’espace. Dès le début des années 1960, ils ont lancé le programme Venera, qui visait à envoyer des sondes vers la deuxième planète du Système solaire en partant du Soleil. Leur ambition était d’étudier l’atmosphère et la surface de Vénus, et d’y déposer un symbole humain.
Les premières tentatives ont été infructueuses. Venera 1, lancée le 12 février 1961, a perdu le contact avec la Terre avant d’atteindre Vénus. Venera 2, lancée le 27 février 1966, a surchauffé et s’est écrasée à environ 24 000 kilomètres de la planète. Mais les Soviétiques n’ont pas abandonné leur rêve.
Un exploit historique malgré un échec scientifique
Le 16 novembre 1965, ils ont lancé Venera 3, la première sonde conçue pour se poser en douceur sur Vénus. La sonde était équipée d’un bouclier thermique pour résister aux températures élevées de l’atmosphère vénusienne, ainsi que d’un parachute pour ralentir sa descente. Elle transportait également une capsule contenant un emblème de l’URSS et une médaille commémorative.
La mission devait durer environ quatre mois, pendant lesquels la sonde devait transmettre des données scientifiques sur la planète. Mais le destin en a décidé autrement. Le 16 février 1966, alors que Venera 3 se trouvait à environ 2 millions de kilomètres de Vénus, le contact radio avec la sonde a été perdu. Les ingénieurs ont supposé qu’un dysfonctionnement du système électrique était à l’origine de la panne.
Sans aucune communication possible, la sonde a continué sa trajectoire vers Vénus, sans que personne ne sache ce qui allait lui arriver. Le 1er mars 1966, elle a pénétré dans l’atmosphère vénusienne et s’est désintégrée sous l’effet de la chaleur et de la pression. Les restes de la sonde se sont écrasés sur la surface de Vénus, sans avoir pu envoyer aucune donnée.
Malgré cet échec scientifique, Venera 3 reste une mission historique dans l’exploration spatiale. Elle a été la première à atteindre une autre planète, même si c’était de manière accidentelle. Elle a également été la première à transporter un symbole humain sur une autre planète, en l’occurrence l’emblème de l’URSS et la médaille commémorative. Ces objets sont probablement encore sur la surface de Vénus, à moins qu’ils n’aient été détruits par les conditions extrêmes.
La suite du programme Venera et les projets futurs
Venera 3 a ouvert la voie aux missions suivantes du programme Venera, qui ont réussi à se poser sur Vénus et à envoyer des données et des images de la planète. La plus célèbre d’entre elles est Venera 13, qui a atterri le 1er mars 1982 et a transmis la première image en couleur de la surface de Vénus. Le programme Venera s’est achevé en 1984, après avoir lancé 16 sondes vers Vénus.
Aujourd’hui encore, Vénus reste une planète mystérieuse et fascinante, qui attire l’intérêt des scientifiques et du public. Plusieurs projets sont en cours pour envoyer de nouvelles sondes vers la planète jumelle de la Terre, afin d’en apprendre davantage sur son histoire, sa géologie et son climat. Peut-être que l’un d’eux retrouvera les traces de Venera 3 et lui rendra hommage.