De jeunes bovins ont appris à utiliser des « latrines » spécialement conçues pour évacuer leur urine avant qu’elle ne pollue les cours d’eau ou ne déclenche l’émission de gaz à effet de serre.
Un processus d’apprentissage en trois étapes
Les nitrates provenant de l’urine du bétail peuvent contaminer les eaux souterraines, menaçant potentiellement la santé humaine, tandis que le protoxyde d’azote, se formant lorsque l’urine et les matières fécales du bétail se mélangent, peut provoquer des problèmes respiratoires et contribuer au réchauffement de la planète. En entraînant le bétail à uriner directement dans des « toilettes pour vaches », des chercheurs néo-zélandais ont peut-être trouvé un moyen de réduire ce type de pollution.
Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue Current Biology, Lindsay Matthews et ses collègues de l’université d’Auckland ont appris à 16 génisses Holstein âgées de 5 mois à utiliser des latrines sur mesure (dont le sol était recouvert de gazon synthétique), lorsqu’elles ressentaient le besoin d’uriner, en suivant un processus d’apprentissage en trois étapes.
L’équipe a d’abord fait entrer deux bovins dans les latrines. Lorsque ces derniers urinaient, ils recevaient une friandise (de la mélasse ou de l’orge) par le biais d’un distributeur automatique et les chercheurs déclenchaient l’ouverture de la porte de sortie. Ces mêmes animaux ont ensuite été placés dans un couloir de 2 mètres de long, jouxtant les latrines et possédant une porte que les animaux pouvaient pousser pour y accéder.
Lorsque les génisses urinaient à l’intérieur des latrines, elles recevaient une friandise savoureuse, mais si l’une d’entre elles le faisait dans le couloir, l’équipe activait un arroseur qui l’aspergeait pendant 3 secondes (une expérience jugée désagréable pour les animaux). Pour l’ultime étape, l’allée a été ouverte sur un espace plus vaste au sein duquel les bovins pouvaient se déplacer à leur guise. Recevant une nouvelle récompense lorsqu’ils utilisaient les structures prévues, ceux-ci étaient aspergés chaque fois qu’ils se soulageaient ailleurs.
Des résultats spectaculaires
Contrairement aux humains et à de nombreux autres animaux, les vaches ne se retiennent pas naturellement et ne font pas leurs besoins dans des endroits spécifiques. À l’issue de 10 séances d’entraînement, 11 des génisses utilisaient les latrines 77 % du temps, soit des performances comparables à celles des jeunes enfants apprenant à aller aux toilettes, et l’ensemble des compétences était en moyenne acquis en une vingtaine de mictions.
Bien qu’il se révèle beaucoup moins abondant que les autres gaz à effet de serre, l’oxyde nitreux est 300 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone et 10 fois plus que le méthane. À l’intérieur des étables, l’urine stagnante peut endommager les sabots des vaches, et les gaz provoquer des maladies respiratoires chez les animaux et les humains.
Matthews espère qu’un système de formation automatisé (avec capteurs de miction et distribution automatique de récompense) pourra être mis au point afin que les éleveurs bovins du monde entier puissent en bénéficier.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: vache, latrine, urine, réchauffement climatique, changement climatique
Catégories: Écologie, Actualités