Beaucoup d’espoir est en train de reposer sur les chercheurs du monde entier dans la lutte contre la pandémie de coronavirus. Parmi les différents laboratoires qui réalisent des essais cliniques, l’université d’Oxford vient de développer le vaccin ChAdOx1 nCoV-19 qui offre des résultats prometteurs sur plusieurs macaques. Les chercheurs qui étudient ce vaccin ont également expliqué qu’il pourrait être disponible dès le mois de septembre prochain s’il parvient à prouver son efficacité.

Un vaccin parmi les plus prometteurs 

Le vaccin ChAdOx1 nCoV-19, développé par des chercheurs de l’université d’Oxford, est en train de susciter beaucoup d’espoir parmi les vaccins les plus prometteurs pour lutter contre le Covid-19. Il présente effectivement des signes encourageants qui semblent prouver que les “chercheurs britanniques ont une longueur d’avance sur la plupart des autres laboratoires”, comme l’a rapporté le New York Times.

Les premiers résultats prometteurs ont eu lieu aux États-Unis, dans le Montana : six macaques rhésus ont reçu une dose de ce vaccin il y a maintenant un mois et, après avoir été touchés par le coronavirus, ils ne l’ont pas contracté, a également rapporté le New York Times. D’autres de ces animaux ont quant à eux attrapé le virus en étant non vaccinés. “Les macaques rhésus sont ce qui se rapproche le plus de l’homme pour ce genre de tests”, a expliqué Vincent Munster, scientifique à l’origine de ces analyses, au New York Times.

— Mongkolchon Akesin / Shutterstock.com

Des premiers tests sur l’Homme en Europe

Selon Morgane Bomsel, biologiste moléculaire travaillant sur le coronavirus à l’Institut Cochin, ces résultats sont particulièrement encourageants. Elle alerte tout de même sur le fait qu’il ne faut pas encore faire de conclusions définitives, les détails de l’analyse réalisée dans le Montana n’ayant pas encore été publiés. “C’est vrai que c’est mieux que si cela avait été fait sur une souris. On ne sait pas, par exemple, à quelle dose du virus les macaques ont été exposés, ni comment ils ont été contaminés”, a-t-elle expliqué.

Les analyses effectuées au Royaume-Uni progressent également. Le ChAdOx1 nCoV-19 est désormais le premier vaccin à être testé sur l’Homme en Europe depuis le 24 avril. Par ailleurs, 1 110 volontaires sains ont été recrutés par ces chercheurs afin de déterminer quels effets il peut avoir sur les humains. “Le but est de s’assurer que le vaccin n’est pas toxique pour l’organisme”, a ajouté Morgane Bomsel. Puis, il s’agira de “faire des prélèvements sanguins sur les sujets testés afin de vérifier en laboratoire la présence des anticorps et l’efficacité du vaccin contre le coronavirus”.

Si le vaccin parvient à prouver son efficacité, des millions de doses pourraient alors être disponibles dès le mois de septembre prochain, comme l’ont confirmé les chercheurs au New York Times. Ils semblent donc avoir plusieurs mois d’avance sur le calendrier habituel du développement d’un vaccin. “On parle, en effet, généralement plutôt d’un délai de 18 mois”, a expliqué à ce sujet à France 24 une virologue de la cellule de crise de la Société française de virologie (SFV). 

Un vaccin qui “n’est pas nouveau”

Si ces chercheurs semblent autant avancés dans les analyses c’est notamment “parce que ce vaccin, en un sens, n’est pas nouveau”, a ajouté la virologue. Ils ont également eu recours à “une plateforme technologique avec laquelle ils ont déjà pas mal d’expérience”.

Par ailleurs, ce vaccin comprend un adénovirus du nom de ChAdOx1, autrement dit il appartient à un groupe de virus ayant des effets bénins sur les êtres humains et détecté chez les chimpanzés. “Il en existe aussi chez l’homme, mais les chercheurs ont préféré en prendre un chez le singe afin d’être sûr que le corps humain n’ait pas déjà développé des anticorps pour s’en prémunir”, a également rapporté la virologue.

Les chercheurs d’Oxford avait également déjà utilisé cet adénovirus afin de tester des vaccins contre Ebola, le chikungunya, la fièvre de la vallée du Rift et le MERS (cousin du Covid-19). Concernant ce dernier virus, les experts britanniques avaient obtenu des résultats prometteurs, notamment à la suite de tests réalisés sur des macaques rhésus. Concernant le Covid-19, ils ont uniquement “ajouté la protéine de surface du Covid-19 au ChAdOx1”, a détaillé Morgane Bomsel.

L’objectif de ce vaccin serait donc d’aider le corps humain à développer des défenses au niveau des cellules. Ainsi, comme cette technique a déjà été mise au point et que des tests avaient déjà été réalisés sur l’Homme pour d’autres vaccins à base de ChAdOx1, les chercheurs britanniques ont donc eu la possibilité d’avancer bien plus rapidement. 

Des tests sont encore nécessaires

Effectivement, les scientifiques rappellent qu’il est encore nécessaire de réaliser des tests sur des patients à risque dans des conditions réelles lors d’une phase III de développement d’un vaccin. Cette dernière consiste notamment en l’administration d’un vaccin à des volontaires qui pourront ensuite poursuivre leurs activités quotidiennes en étant exposés au virus. Etre certain que ces patients seront immunisés contre le Covid-19 peut néanmoins être particulièrement long, parfois même jusqu’à trois ans.

Pour cela, les scientifiques auront recours à une “vaccination en anneaux”. “L’idée est d’administrer le vaccin aux membres du premier cercle de contacts des personnes malades et d’observer si le virus contamine le deuxième cercle. Ainsi, il est possible à la fois de vacciner et d’évaluer”, explique la virologue. Ce processus a d’ailleurs déjà été utilisé pour lutter contre Ebola en 2018 en République démocratique du Congo.

Les chercheurs d’Oxford ont également expliqué que des tests sur d’autres vaccins pourraient être bien avancés en automne prochain, notamment ceux des sociétés américaines Inovio et Moderna. Néanmoins, malgré l’espoir que suscitent ces vaccins, rien ne prouve encore leur efficacité. “Nous aurons au moins appris beaucoup sur le fonctionnement du système immunitaire du corps face à ce virus”, a constaté Morgane Bomsel. “Même si le vaccin ne permettait pas d’immuniser contre le Covid-19, on [pourrait] tout de même espérer qu’il en réduise sa sévérité”, a ajouté la virologue. 

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