Dans le cadre de fouilles réalisées à Mexico, des archéologues ont mis au jour une nouvelle partie d’une tour de crânes aztèque. Comprenant 119 crânes humains, cette section porte à plus de 600 le nombre total d’ossements ayant été découverts sur ce site datant du XVe siècle, connu sous le nom de Huey Tzompantli.
Une découverte archéologique importante
Découverte il y a cinq ans par des archéologues de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique (INAH), cette imposante tour de crânes située à proximité des ruines du Templo Mayor (important centre religieux au XIV et XVe siècle dédié au dieu de la guerre Huitzilopochtli et au dieu de la pluie Tlaloc) serait l’une des sept qui se dressaient autrefois dans la capitale aztèque de Tenochtitlán. Constituant la partie orientale de la tour, la nouvelle section comporte plus d’une centaine de crânes.
Alors que les archéologues estimaient auparavant que les ossements découverts appartenaient exclusivement à des guerriers, de récentes analyses, basées sur la taille du crâne et le développement dentaire, ont révélé que certains étaient ceux de femmes et d’enfants.
« Bien que nous ne puissions pas déterminer précisément combien de ces individus étaient des guerriers, il est possible que certains d’entre eux aient été des prisonniers destinés à des cérémonies sacrificielles », a déclaré l’archéologue Barrera Rodríguez dans un communiqué. « Nous savons qu’ils ont tous été rendus sacrés, c’est-à-dire transformés en offrandes pour les dieux voire en personnifications des divinités elles-mêmes. »
Selon les historiens, les Aztèques exposaient les crânes de leurs victimes au sein de plus petites structures autour de Tenochtitlán avant de les transférer au Huey Tzompantli. Liés entre eux par de la chaux, les ossements étaient organisés en un « grand cercle intérieur s’élevant et s’élargissant en une succession d’anneaux ».
Garder les dieux en vie et empêcher la destruction de l’Univers
Bien que la tour puisse aujourd’hui sembler effrayante, l’INAH note que les Mésoaméricains considéraient les sacrifices rituels comme un moyen de garder les dieux en vie et d’empêcher la destruction de l’Univers. Une vision « incompréhensible pour notre système de croyance », faisant du Huey Tzompantli « un édifice dédié à la vie plutôt qu’à la mort », selon les archéologues.
Mesurant environ 2,5 mètres de diamètre, l’édifice comportait trois sections et avait été vraisemblablement érigé sous Tlatoani Ahuízotl, entre 1486 et 1502. Huitième roi des Aztèques, celui-ci s’est notamment illustré en conquérant des parties de l’actuel Guatemala, ainsi que des régions bordant le golfe du Mexique.
Sous son règne, le territoire des Aztèques a atteint sa superficie maximale, tandis que Tenochtitlán a connu une croissance importante. Ahuízotl a construit le grand temple de Malinalco, un nouvel aqueduc pour desservir la ville et a institué une forte bureaucratie. Des récits décrivent le sacrifice de pas moins de 20 000 prisonniers de guerre lors de l’inauguration du nouveau temple en 1487, bien que ce chiffre soit contesté.
La structure de chaux et de pierre comportait à l’origine des dizaines de milliers de crânes
Les conquistadors espagnols Hernán Cortés, Bernal Díaz del Castillo et Andrés de Tapia ont tous fait mention des tours de crânes aztèques dans leurs écrits. Le dernier cité évoquant notamment la présence de dizaines de milliers de crânes « sur une imposante structure faite de chaux et de pierre ».
Selon l’INAH, les envahisseurs espagnols et leurs alliés indigènes auraient détruit des parties des tours lorsqu’ils occupaient Tenochtitlán dans les années 1500, et des fragments auraient été dispersés dans toute la région. Le monument macabre avait été mis au jour pour la première fois en 2015, lors de la restauration de la cathédrale métropolitaine de Mexico, construite entre le XVIe et le XIXe siècle sur les ruines du Templo Mayor.
« Le site du Templo Mayor n’a de cesse de nous surprendre », a déclaré Alejandra Frausto, ministre mexicaine de la Culture. « Le Huey Tzompantli est, sans aucun doute, l’une des découvertes archéologiques récentes les plus impressionnantes dans notre pays. »
Par Yann Contegat, le
Source: Smithsonian Magazine
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Catégories: Actualités, Histoire