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La directrice du Parc archéologique du Colisée estime que les fouilles menées dans les environs de l’ancien Forum romain ont permis de faire “une découverte exceptionnelle”. Les archéologues auraient en effet découvert un sarcophage dans une chambre située sous l’Ancien Capitole. Ils se sont basés sur des textes antiques mais également plus contemporains et attribuent ce sarcophage à celui de Romulus, le fondateur de Rome dans la mythologie.

LA LÉGENDE DE ROMULUS ET RÉMUS

La légende de Romulus et Rémus est au coeur de la mythologie concernant la fondation de Rome. Romulus et Rémus étaient des jumeaux, fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Mais la vie de Rhéa Silvia est loin d’être un long fleuve tranquille : elle est la fille de l’ancien roi Numitor, qui fut dépossédé de son trône par son frère Amulius. Ce dernier, craignant que ses petits-neveux réclament dans le futur le trône qui leur est dû, humilie et déshonore Rhéa Silvia : en effet, lorsqu’elle fut nommée vestale, elle fit voeu de chasteté. Elle sera donc punie pour son « crime » : ses deux enfants seront noyés dans le Tibre (le fleuve qui traverse Rome).

Heureusement pour les nouveau-nés, l’ordre est mal exécuté : ils sont abandonnés dans un panier déposé dans le fleuve, ce qui leur permet de survivre. Leur survie est bien entendu sans doute due à la protection des dieux, puisque, n’oublions pas, ils sont les fils de Mars. Au terme de la traversée, ils sont découverts sous un figuier sauvage, alors situé devant l’entrée de la grotte du Lupercal, au pied du Palatin. Il existe deux suites possibles à cette légende. La plus célèbre est que les deux enfants sont par la suite allaités et élevés par une louve, et qu’un pivert, alors considéré comme l’oiseau de Mars, veille à leur protection. La seconde est qu’ils sont retrouvés par un berger nommé Faustulus, qui les confie ensuite à sa femme, une prostituée dont le surnom est Lupa (qui signifie louve en latin).

Devenus grands, les jumeaux apprennent le secret de leur naissance et décident de tuer Amulius. Ils décident ensuite de fonder une ville, dont l’emplacement serait l’endroit où ils avaient été abandonnés étant enfants. Mais des tensions naissent entre les deux frères, qui souhaitent tout deux être les rois de la ville. Ils prennent alors la décision de consulter les auspices (technique qui permettait aux Romains de connaître l’avenir en observant des oiseaux dits « oraculaires »), censés les départager. Malheureusement, les auspices ne font qu’accroître les tensions entres les jumeaux ; celles-ci deviennent fratricides, puisqu’une dispute éclate entre les deux frères pour savoir qui sera le roi, et se solde par la mort de Rémus. Romulus donnera donc son nom à la ville que l’on appelle Rome aujourd’hui.

LE DÉBUT DES FOUILLES

Les fouilles ont commencé à la suite d’une analyse des écrits de Giacomo Boni, produits en 1899. Cet archéologue du XIXe siècle déclarait avoir trouvé le Lapis Niger, une stèle en tuf volcanique, devant le Comitium. Or, cette pierre, qui faisait office d’autel, marquait selon Varron (écrivain romain ayant vécu au premier siècle avant Jésus-Christ) le lieu du tombeau de Romulus.

Les archéologues du XXIe siècle ont donc suivi les indications de leurs homologues du XIXe, et se sont attelés à la recherche de l’hérôon de Romulus. On peut définir un hérôon comme un élément d’architecture traditionnel de la culture gréco-romaine. C’est un édifice dédié à un héros ou une héroïne, un dieu ou une déesse, et parfois placé au-dessus de sa tombe, s’il en existe une. Ils ont alors découvert (voire redécouvert, si on considère les travaux de Giacomo Boni) une chambre souterraine localisée sous le Capitole, soit l’ancien coeur religieux de la ville antique. Ils y ont trouvé un sarcophage mesurant 1 mètre 40 et daté du VIe siècle avant Jésus-Christ, accompagné d’une pierre circulaire.

L’écrivain Horace, ayant vécu à la même époque que Varron dont nous parlions plus tôt, aurait rapporté à son époque que Romulus avait été inhumé derrière la « rostra« , l’une des tribunes alors réservées aux discours publics des orateurs de la République. Or, lorsque les archéologues cherchaient la chambre souterraine, puis qu’ils l’ont trouvée, ils ont vu qu’elle était située derrière la tribune en question, dont ils connaissaient par ailleurs déjà l’emplacement. Le Parc archéologique du Colisée nous apporte des précisions quant à ces découvertes, dans un communiqué publié lundi dernier : « Ce n’est pas une coïncidence que le Lapis Niger, la pierre noire décrite comme un lieu funéraire car liée à la mort de Romulus, se trouve dans l’axe de la chambre souterraine. »

Il serait « assez probable » que cette stèle et ce sarcophage soient « ce que les Romains considéraient comme la tombe de Romulus », ont affirmé les responsables du Parc archéologique du Colisée lors d’une conférence de presse. Et, s’ils n’ont pas trouvé la tombe, ils auraient en tout cas trouvé le « monument funéraire créé, dans une période après la mort de Romulus, pour célébrer sa mémoire ». En effet, « selon plusieurs auteurs antiques, les sénateurs assemblés ont tué Romulus et démembré son corps, alors que d’autres traditions évoquent son assomption au paradis ».

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