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La dégradation des terres et des forêts de notre planète constitue aujourd’hui un problème environnemental de taille. De nouveaux travaux mettent en évidence le potentiel des déchets issus de la production du café pour les restaurer.

12 % des terres de la planète dégradées

Désignant les parcelles présentant de faibles stocks de carbone, et par extension une faible productivité, le terme générique « terres dégradées » est souvent utilisé pour qualifier les zones altérées par l’activité humaine. Ces dernières sont généralement caractérisées par une couverture boisée minimale et une absence de tourbe, se traduisant par un faible potentiel de séquestration du carbone.

On estime que 12 % des terres de la planète (soit environ deux milliards d’hectares) sont actuellement dégradées, avec un coût annuel estimé à près de 200 milliards d’euros (changement d’affectation et couverture des sols).

La restauration des terres s’avère essentielle pour relever certains des plus grands défis mondiaux (sécurité alimentaire, accès à l’eau potable, érosion des sols, changement climatique, perte de biodiversité et désertification). Mais bien que plusieurs solutions, impliquant notamment l’utilisation de sous-produits agricoles riches en nutriments, aient été envisagées au fil des décennies, les expériences sur le terrain s’étaient jusqu’à récemment révélées très limitées.

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Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Ecological Solutions and Evidence, des chercheurs de l’ETH Zurich et de l’université d’Hawaï ont épandu de la pulpe de café sur une parcelle de terrain dégradée au Costa Rica et obtenu des résultats significatifs.

Des résultats spectaculaires

Le traitement des grains de café implique la séparation de la graine des autres composants du fruit. Riche en glucides et en protéines brutes, la pulpe, qui représente plus de 50 % du poids de la récolte, est traitée comme un déchet et mise en tas dans des entrepôts où on la laisse se décomposer. Partant de ce constat, l’équipe de recherche avait épandu 30 camions-bennes de pulpe de café sur une parcelle agricole dégradée de 35 mètres sur 40 en 2018, tout en prenant soin de délimiter une zone adjacente de taille similaire n’ayant pas bénéficié d’un tel traitement.

Deux ans plus tard, 80 % de la zone traitée était recouverte par la canopée d’une forêt indigène, contre 20 % seulement pour la zone témoin, dont le reste de la surface était dominé par des herbes de pâturage non indigènes introduites par les agriculteurs. Il s’est également avéré que les arbres ayant poussé dans la parcelle témoin présentaient une croissance 75 % plus faible.

(A) Couche de pulpe de café fraîchement ajoutée sur une terre post-agricole. (B) Végétation de la zone témoin 2 ans après le début de l’étude. (C) Végétation de la zone traitée 2 ans après le début de l’étude, crédit photo R. Cole. (D) Vue aérienne de la zone traitée (en bas) et de la zone témoin (en haut) un an après le début de l’étude — © R. Zahawi / Ecological Solutions and Evidence Creatives Commons

Selon l’équipe, la couche de pulpe de café de 50 centimètres de profondeur a étouffé une grande partie de l’herbe qui aurait autrement pris le dessus et augmenté les niveaux de carbone, d’azote et de phosphore dans le sol sous-jacent. Par conséquent, lorsque les graines d’arbres ont été dispersées dans la zone grâce au vent ou via les excréments d’animaux, elles ont bénéficié de conditions très favorables pour se développer.

Un scénario « gagnant-gagnant »

« Ces travaux suggèrent que les sous-produits agricoles peuvent être utilisés pour accélérer la reconstitution des forêts sur les terres tropicales dégradées », explique le Dr Rebecca Cole, auteure principale de l’étude. « Dans les situations où le traitement de ces sous-produits entraîne un coût pour les industries agricoles, leur utilisation pour la restauration afin d’atteindre les objectifs mondiaux en matière de reboisement peut représenter un scénario ‘gagnant-gagnant’. »

À l’avenir, l’équipe prévoit de mener des études à plus long terme sur de plus grandes parcelles, et d’utiliser d’autres types de déchets agricoles, tels que les pelures d’orange.

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