Test de réalité, réveil et retour au lit, introduction mnémonique au rêve lucide… Ces termes ne vous disent probablement rien, pourtant ils évoquent un domaine que nous connaissons tous, même sans s’en souvenir : le rêve. Des chercheurs australiens se sont intéressés à ces images apparaissant pendant notre sommeil et ont mis au point des techniques permettant de contrôler nos rêves.
Le fascinant concept du rêve lucide
Que vous en ayez souvenir en vous réveillant ou pas, une chose est certaine : vous rêvez (entre une et sept fois par nuit). Ce phénomène d’images plus ou moins bizarres se produit pendant que nous dormons, à certaines phases de notre sommeil. Imaginez maintenant la possibilité de contrôler ces rêves, comme si vous étiez réveillés. Etre conscient que l’on rêve est un concept : celui du rêve lucide (lucid dreaming en anglais). Des chercheurs se sont intéressés à ce fameux concept en cherchant à savoir comment l’utiliser à notre avantage. Dans ce but, des chercheurs australiens ont mené une étude en 2017, allant dans cette direction. L’idée était de vérifier si cela était réalisable ou non. Leurs trouvailles pourraient vous permettre de faire des rêves lucides de votre côté.
D’après une étude faite en 2016, environ la moitié des gens dans le monde ont déjà fait un rêve lucide dans leur vie et un quart en font au moins une fois par mois. Depuis 1975, quand le premier rêve lucide a été confirmé en laboratoire, les scientifiques en ont appris davantage sur ce phénomène, comment il apparaît et comment il peut aider celui qui rêve. Les études ont suggéré que les rêves lucides pourraient aider à empêcher les cauchemars mais aussi servir à s’entraîner à effectuer des gestes techniques et enfin aider à découvrir des mystères à propos de notre conscience elle-même. Pour vérifier tout cela, des chercheurs de l’Université d’Adelaïde en Australie ont recruté 169 personnes pour tester trois différentes techniques aidant à avoir des rêves lucides.
Des techniques pour mieux contrôler nos rêves ?
La première technique mise au point pour l’expérience est le « test de réalité » ou « reality testing » : chaque jour, les participants devaient se demander 10 fois dans la journée « suis-je en train de rêver ? ». A chaque fois, ils devaient examiner leur environnement afin de déceler (ou non) un élément sortant de l’ordinaire et faire un test de réalité en inspirant par leur bouche fermée (lorsque l’on rêve, on peut inspirer par notre bouche fermée car notre « moi » réel a probablement la bouche ouverte). La deuxième technique est appelée « Wake Back To Bed » (WBTB) : les participants règlent une alarme les réveillant après cinq heures de sommeil et doivent ensuite lire un document de 700 mots indiquant quoi faire en cas de rêve lucide. Le texte invite le rêveur à se frotter les paumes de mains vigoureusement en se concentrant sur la sensation physique tout en se répétant « c’est un rêve lucide ». Ensuite, ils peuvent se rendormir. Les rêves lucides arrivent durant la phase de sommeil paradoxal et cette phase apparaît plus facilement après une longue durée de sommeil. La dernière technique est appelée « Mnemonic Induction of Lucid Dreams » (MILD) : allongés dans leur lit, les participants sont invités à répéter la phrase « la prochaine fois que je rêve, je m’en souviendrais ». Ils doivent se concentrer intensément sur cette phrase afin que cela soit la dernière chose à laquelle ils pensent au moment de s’endormir.
Afin de tester ces trois techniques, trois groupes parmi les cobayes ont été formés : le premier utilise le « reality testing« , un groupe utilise à la fois le « reality testing » et le WBTB et le dernier groupe exploite les trois à la fois. Pour le dernier groupe, ils utilisent la technique MILD au moment de se rendormir après leur réveil du WBTB (après cinq heures de sommeil). Afin d’avoir une ligne de mesure des rêves, il a été demandé aux 169 participants de noter leurs rêves faits la semaine avant l’expérience. Les trois groupes ont eu des résultats assez différents concernant leurs rêves. Lors de la première semaine (sans utilisation des techniques), les participants ont noté qu’environ 8 % de leurs rêves étaient lucides. Durant la semaine suivante (avec techniques), le premier groupe a vu son pourcentage diminuer un peu alors que le second groupe a eu 11 % de rêves lucides. Le dernier groupe a noté quant à lui 17 % de rêves lucides en utilisant les trois techniques. Parmi ce groupe, ceux qui se sont endormis cinq minutes après avoir utiliser la technique MILD ont rapporté qu’environ 46 % de leurs rêves étaient lucides.
Des résultats encourageants dans l’exploration des rêves
Selon Denholm J. Aspy, l’un des auteurs de l’étude, « la technique MILD se base sur ce que l’on appelle la mémoire prospective, c’est-à-dire notre capacité à se rappeler que l’on doit faire des choses dans le futur« . Ainsi, « en répétant une phrase dont on se souviendra quand on dort, cela créé une intention dans notre esprit que vous vous rappellerez de fait que vous rêvez, ce qui conduit à un rêve lucide« . Ce qui est de fait très intéressant pour la recherche et cette fameuse volonté de contrôler ses rêves.
Evidemment, nous sommes encore à des années-lumière d’un monde où tout le monde pourrait faire des rêves lucides sur commande, faire de la guitare et réviser des partiels tout en dormant. Mais cette étude fait un pas dans la bonne direction. Si vous voulez voir ce que vous pouvez faire dans vos rêves, vous pouvez essayer ces techniques. Vous pourriez ainsi faire vôtre la technique utilisée dans Inception.
Par Thomas Le Moing, le
Source: Curiosity
Étiquettes: étude, insolite, cobayes, mnemonic-induction-for-lucid-dreams, reality-testing, reves-lucides, techniques, wake-back-to-bed, sommeil
Catégories: Actualités, Sciences humaines, Articles