Des chercheurs de l’université de Warwick ont découvert que la Terre subit tous les 25 ans une puissante super tempête solaire capable de perturber les équipements électroniques, notamment les satellites, la navigation aérienne, les systèmes de télécommunication et les réseaux électriques. L’étude montre également que des tempêtes solaires moins intenses mais néanmoins dangereuses se produisent environ tous les trois ans.
Comprendre les causes et l’impact des tempêtes solaires
Les tempêtes solaires, également appelées tempêtes géomagnétiques, sont causées par des perturbations solaires qui libèrent des vagues de particules hautement énergétiques dans l’espace. Ces particules entrent en collision avec le champ magnétique de la Terre, ou magnétosphère. Les sources possibles de ces particules sont les éjections de masse coronale (CME), les régions d’interaction co-rotatives (CIR) ou les trous coronaux, qui peuvent libérer un flux de vent solaire à grande vitesse, deux fois plus rapide que le vent solaire normal.
La plus grande tempête géomagnétique connue, l’« événement de Carrington » de 1859, a mis hors service des stations télégraphiques et provoqué des pannes de courant dans le monde entier. Les aurores boréales ont été visibles dans des endroits où elles n’avaient jamais été vues auparavant, comme à Madrid. Toutefois, cet événement n’a pas été inclus dans l’analyse en raison de l’utilisation par les chercheurs de données historiques limitées.
Plus récemment, la panne d’électricité de 1989 au Québec a été provoquée par une tempête solaire qui a également produit de fortes aurores visibles jusqu’au Texas, aux États-Unis.
Super tempêtes solaires : une menace croissante pour la société moderne
Alors que la société devient de plus en plus dépendante de la technologie, les tempêtes solaires apparaissent comme une menace croissante, avertissent les experts. Les satellites, en particulier, sont plus vulnérables que la plupart des gens ne le pensent et font partie des maillons les plus exposés et les plus fragiles du système technologique.
Les dégâts potentiels d’une super tempête solaire comme celle de Carrington se mesureraient aujourd’hui en milliards d’euros et ferait des millions de victimes. Cette situation a incité les scientifiques à étudier de plus près les tempêtes solaires et à développer des capacités de prédiction.
Une étude récente dirigée par Sandra Chapman, du Centre for Fusion, Space and Astrophysics de l’université de Warwick, a analysé 150 ans de données sur le champ magnétique pour déterminer la fréquence des super tempêtes. Il a été constaté que les graves super tempêtes solaires, qui peuvent perturber les satellites, la navigation aérienne, les systèmes de télécommunication et les réseaux électriques, se produisent environ une fois tous les trois ans en moyenne. Les super tempêtes les plus grandes et les plus intenses se produisent environ une fois tous les 25 ans.
Mme Chapman a souligné que, bien que rare, la probabilité d’une super tempête est un facteur crucial pour se préparer aux événements futurs et protéger les infrastructures clés. Elle a ajouté que la recherche introduit une nouvelle façon d’analyser les données historiques pour donner une image plus claire de la fréquence des super tempêtes et de leur impact potentiel sur la société moderne.
De nouvelles perspectives sur la fréquence des super tempêtes solaires
Les chercheurs ont analysé les données du champ magnétique du Royaume-Uni et de l’Australie pour les 14 derniers cycles solaires. Ces données ont permis de mieux comprendre la fréquence des super tempêtes solaires. L’équipe a découvert que des super tempêtes d’une intensité similaire à celle de l’événement historique de Carrington peuvent se produire plus fréquemment qu’on ne le pensait auparavant, et qu’elles peuvent survenir soudainement sans avertissement. Le co-auteur de l’étude, Richard Horne, prévient que si les statistiques suggèrent une certaine fréquence, les tempêtes solaires peuvent survenir à tout moment et ne peuvent être prédites avec précision.
Pour surveiller la météo spatiale, les chercheurs suivent de près les données relatives au champ magnétique sur Terre depuis le début de l’ère spatiale en 1957. Toutefois, cette surveillance ne couvre que cinq cycles d’activité solaire, ce qui n’est pas suffisant pour prévoir avec précision la possibilité de tempêtes solaires. Pour améliorer les prédictions, les chercheurs doivent étudier un plus grand nombre de cycles solaires, ce qui nécessite des données remontant plus loin dans le temps.
Heureusement, de nombreuses missions spatiales étudient actuellement le Soleil pour mieux comprendre la dynamique solaire et anticiper les épisodes les plus destructeurs. Ces missions comprennent l’Observatoire de la dynamique solaire (SDO), l’Observatoire de l’héliosphère solaire (SOHO), Solar Parker, récemment lancé, et la mission European Solar Orbiter.