
S’il est encore difficile d’avoir un handicap dans notre société actuelle, la situation devait être pire dans les temps anciens. La découverte d’un squelette médiéval avec un genou brisé vient apporter plus d’informations sur les conditions de vie des individus avec un handicap physique au Moyen Âge.
La perception limitée du handicap au Moyen Âge
Bien que les personnes handicapées aient constitué une part importante de la société médiévale – tout aussi bien au sein de la paysannerie, du clergé que de la noblesse –, le handicap a été très peu documenté au cours du Moyen Âge. Ainsi, les experts ont une vision limitée de ce qu’a été la vie de ces individus d’antan, d’autant plus que l’historicisation du handicap n’est devenue un domaine de recherche reconnu qu’assez récemment. De manière générale, on aurait tendance à croire qu’au Moyen Âge, la plupart des personnes handicapées vivaient dans l’indifférence, la peur et la négligence.
Bien que cela recèle très certainement une part de vérité, les personnes handicapées n’étaient pas toutes aussi marginalisées et maltraitées qu’on pourrait le croire. Une récente découverte réalisée par les archéologues de l’université de Lund en Suisse apporte une preuve à cela. D’après le rapport publié dans la revue Open Archaeology, les chercheurs ont découvert à l’extrémité ouest du cimetière médiéval de Trinitatis à Lund, près des fondations d’un clocher disparu depuis longtemps, le squelette d’un homme autrefois gravement blessé.
À première vue, les archéologues ont en effet constaté que le squelette présentait les traces d’une blessure si grave au genou gauche que cela avait impacté la guérison du fémur qui s’est replacé à un angle de 45 degrés. Des analyses plus approfondies ont permis de savoir que le squelette – désigné individu 2399 – appartenait à un homme d’une trentaine d’années ayant vécu à la fin du Moyen Âge (1300-1536). Vers la vingtaine, son fémur gauche fut gravement fracturé au niveau de l’articulation du genou, le laissant incapable de marcher sans aide jusqu’à sa mort.
Le traitement contrasté des personnes handicapées à l’époque médiévale
D’après les chercheurs, la blessure aurait pu être causée par un coup de cheval ou par la chute d’un objet lourd sur le genou au cours de travaux de construction. Grâce à une technologie de pointe, les scientifiques ont pénétré les couches les plus profondes de la blessure et ont croisé la documentation historique dans l’objectif d’avoir une image précise et honnête du traitement des personnes handicapées au Moyen Âge. Les résultats de leurs analyses ont montré que l’homme avait bénéficié de soins importants à court et à long terme après sa blessure. On lui a probablement administré les analgésiques disponibles à l’époque.
Les chercheurs pensent qu’il a également dû recevoir de l’aide pour nettoyer et panser la plaie. Il a aussi dû suivre un traitement régulier pour une inflammation de la moelle osseuse, ce qui impliquait probablement l’ouverture de la plaie pour drainer le pus. Tout cela implique que le blessé n’a été ni abandonné ni négligé. D’ailleurs, les preuves suggèrent également qu’il utilisait des béquilles ou une attelle jambière. Des marqueurs de stress dans ses bras et sa colonne vertébrale montrent comment il compensait sa jambe endommagée, en déplaçant son poids et en se déplaçant avec effort.
Les chercheurs pensent ainsi que cette blessure a considérablement limité sa mobilité, sans pour autant l’exclure de la société. Cette découverte montre à quel point la manière dont les personnes handicapées étaient traitées à l’époque médiévale était complexe et contrastée. D’un côté, il y avait les individus dont on prenait soin, et de l’autre, il y avait ceux qui étaient effectivement marginalisés, dans la mesure où l’octroi d’un handicap était couramment utilisé à titre de punition pour un crime au Moyen Âge.
Par ailleurs, voici 11 tortures du Moyen Âge qui étaient réservées aux femmes.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: ZME Science
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