Si la composition de l’ADN de chaque humain s’avère unique, de nouvelles recherches montrent que les personnes ne possédant pas de lien de parenté mais se ressemblant beaucoup physiquement partagent également des similitudes génétiques et comportementales.
Des similitudes génétiques et comportementales
Pour cette nouvelle étude publiée dans la revue Cell, Manel Esteller et ses collègues se sont basés sur les travaux de l’artiste canadien François Brunelle, qui recueille depuis plus d’une décennie des photos de sosies à travers le monde, afin de comparer, au niveau moléculaire, des êtres humains partageant les mêmes caractéristiques faciales. Au total, les portraits de 32 paires de sosies (22 hommes et 42 femmes âgés de 23 à 78 ans) ont été utilisés.
Différents algorithmes de reconnaissance faciale ont été appliqués pour déterminer objectivement leur degré de ressemblance. Les participants ont également dû remplir un questionnaire portant sur le groupe sanguin, le contexte socio-économique, la taille, le poids, le régime alimentaire, le mode de vie et les facteurs relationnels, et fournir un échantillon de salive afin que les chercheurs puissent analyser leur ADN.
Sur les 32 paires de sosies, 16 ont été considérées par les algorithmes comme une seule et même personne. Une étude d’association pangénomique a montré que neuf de ces paires présentaient d’importantes similitudes au niveau génétique. Les sosies avaient tendance à partager des gènes associés à la forme des lèvres, de la bouche, des yeux et d’autres caractéristiques du visage, et également impliqués dans la formation des os liés à la forme du crâne, la texture de la peau et la rétention des liquides.
De façon plus surprenante, les chercheurs ont constaté que des caractéristiques physiques (poids, taille…) ainsi que comportementales (tabagisme, niveau d’éducation…) étaient également corrélées dans les paires de sosies, ne possédant aucun lien de parenté.
D’importantes implications
Selon les chercheurs, ces résultats indiquent globalement que la variation génétique partagée liée à l’apparence physique peut également influencer les habitudes et les comportements communs.
« Ces résultats auront des implications futures dans le domaine de la médecine légale [reconstruire le visage du criminel à partir de l’ADN] et du diagnostic génétique [où une simple analyse du visage offrirait un aperçu du génome du patient] », avance Esteller. « Le défi ultime serait de prédire la structure du visage humain à partir du paysage multiomique [génome, microbiome, métabolome, lipidome et épigénome] de l’individu. »
Les chercheurs reconnaissent que l’étude comporte un ensemble de limites, notamment l’utilisation d’images 2D en noir et blanc et la taille réduite de l’échantillon, principalement européen. Cependant, ils estiment que leurs résultats offrent un aperçu de la ressemblance humaine, en montrant que les personnes ayant des visages très similaires possèdent des génotypes communs mais des profils épigénétiques et microbiologiques différents.