Une étude récente du Caltech jette un regard neuf sur les anciennes données sismiques lunaires recueillies par les sismomètres d’Apollo 17 dans les années 1970. Les chercheurs ont découvert avec surprise que certaines des vibrations détectées semblent provenir de l’atterrisseur Apollo 17 lui-même, et non de sources naturelles.
Un outil essentiel pour comprendre les astres
La sismologie a longtemps été un outil inestimable pour les géologues cherchant à explorer les structures internes des astres, y compris la Terre. Lorsqu’un séisme se produit sur la Terre, il émet des ondes sismiques qui traversent différentes couches du sous-sol. En mesurant la vitesse et la direction de ces ondes à différents endroits, il est possible de créer une carte détaillée des différentes structures géologiques souterraines, un processus connu sous le nom de tomographie sismique.
La même approche a été adoptée pour la Lune lors des missions Apollo. Des sismographes ont été placés sur la surface lunaire pour étudier sa structure interne. Ces instruments ont révélé que le noyau de la Lune mesure environ 500 kilomètres de diamètre et est sensiblement moins dense que le noyau terrestre.
Les vibrations lunaires
Contrairement à la Terre, les sources de tremblements lunaires ne sont pas entièrement comprises. Tandis que les séismes terrestres sont principalement dus à la tectonique des plaques, les vibrations lunaires semblent souvent être le résultat des forces de marée exercées par la Terre. D’autres causes, telles que les impacts de météorites, ont également été identifiées. Cependant, certains tremblements lunaires longs et superficiels demeurent énigmatiques.
La nouvelle étude du Caltech a utilisé l’apprentissage automatique pour examiner les anciennes données de trois sismographes installés par l’équipage d’Apollo 17 à quelques centaines de mètres de leur base. Les chercheurs ont découvert que les tremblements de Lune se produisaient régulièrement, tous les après-midi, lorsque la surface lunaire commençait à se refroidir à nouveau.
L’atterrisseur Apollo 17
Mais les chercheurs ont été surpris de découvrir des vibrations régulières et répétitives, pendant les matins lunaires. Ce phénomène ne pouvait pas être expliqué par les mécanismes naturels habituels.
Le professeur Allen Husker, co-auteur de l’étude, explique que ces vibrations mystérieuses semblent en fait provenir de l’atterrisseur Apollo 17. « Chaque matin lunaire, lorsque le soleil frappe l’atterrisseur, des explosions répétitives sont captées par les sismographes », précise-t-il. Selon l’équipe de recherche, le réchauffement matinal de l’atterrisseur entraîne sa dilatation, ce qui génère des vibrations qui sont ensuite détectées.
Cette découverte est cruciale non seulement pour comprendre les mécanismes qui peuvent affecter les équipements sur la Lune, mais aussi pour planifier les futures missions lunaires. Les chercheurs envisagent même d’utiliser ces informations pour explorer les zones d’ombre de la Lune, où la glace d’eau pourrait être piégée et où les sismomètres pourraient fournir des données précieuses.
Implications pour les futures missions lunaires et au-delà
Cette découverte pourrait également informer d’autres missions spatiales, y compris les projets en cours près du pôle sud lunaire. Par exemple, l’atterrisseur indien Vikram, équipé d’un sismographe, a récemment détecté des mouvements sous la surface lunaire qui font actuellement l’objet d’une enquête.
Selon Husker, la prochaine étape consistera à « cartographier la géologie souterraine de la Lune et à rechercher des gisements de minéraux ou d’eau ». Les résultats pourraient révolutionner notre compréhension des ressources lunaires et contribuer à la préparation de futures missions d’exploration, qu’il s’agisse de la Lune ou d’autres astres.