Des scientifiques sont récemment parvenus à extraire un génome d’une molaire de mammouth vieille de plus d’un million d’années. Il s’agit du plus ancien ADN séquencé à ce jour, et de loin.
Un séquençage génétique record
Le précédent record en la matière avait été établi en 2013 par une équipe de chercheurs danois, qui étaient parvenus à séquencé l’ADN provenant d’un os de cheval vieux de 780 000 ans. Trouver des génomes aussi anciens représente un véritable défi, car à la suite de la mort d’un organisme, les brins d’ADN ont tendance à devenir de plus en plus petits. Par chance, le permafrost sibérien réunit les conditions nécessaires pour une conservation optimale, avec une température glaciale mais constante contribuant à ralentir la fragmentation de l’ADN.
Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Nature, une équipe internationale de scientifiques est parvenue à isoler l’ADN de molaires de trois mammouths, dont les dépouilles avaient été exhumés du permafrost sibérien dans les années 1970. D’après leurs analyses, la plus ancienne appartenait à un spécimen ayant vécu il y a 1,2 à 1,6 million d’années.
Toutefois, bien que le permafrost ait contribué à prolonger la durée de vie du génome, les échantillons contenaient une quantité très faible d’ADN. Heureusement, les chercheurs dirigés par Love Dalén, généticien évolutionniste au Musée suédois d’histoire naturelle (SMNH) de Stockholm, se sont appuyés sur une méthode de séquençage génomique de pointe qui leur a permis de récupérer un nombre exploitable de paires de bases de l’ADN nucléaire.
Des analyses offrant un meilleur aperçu de l’évolution des mammouths
La séquence du génome ancien a révélé plusieurs choses intéressantes. Il s’est notamment avéré que l’ADN le plus ancien appartenait à un type de mammouth bien différent des autres espèces sibériennes connues il y a plus d’un million d’années. Cette lignée nouvellement identifiée a été nommée « Krestovka », en l’honneur de la région où l’animal avait été initialement découvert.
Selon les auteurs de l’étude, cette découverte s’est révélée particulièrement surprenante, étant donné que l’ensemble des recherches menées jusqu’à suggéraient que la Sibérie abritait à l’époque une seule espèce de mammouth, connu sous le nom de mammouth des steppes. Compte tenu de la chronologie établie, l’équipe pense également que cette lignée auparavant inconnue pourrait avoir formé la population nord-américaine il y a environ 1,5 million d’années.
Une fois isolée en Amérique du Nord, cette lignée ancestrale a divergé davantage. Les chercheurs ont en effet découvert que les mammouths de Colomb devaient la moitié de leur patrimoine génétique à la lignée Krestovka, tandis que l’autre moitié provenait des mammouths laineux.
Les recherches se poursuivent
Maintenant que la barre du million d’années en matière d’ADN séquencé a été franchie, les chercheurs espèrent en apprendre davantage sur différentes espèces disparues depuis longtemps. Le laboratoire de Dalén a indiqué travailler actuellement sur de très anciens échantillons provenant de bœufs musqués, d’orignaux et de lemmings préhistoriques.
Avec les bons outils et un peu de chance, les scientifiques pourront peut-être un jour séquencer des génomes vieux d’un million d’années provenant d’anciens parents humains, ce qui constituerait assurément une nouvelle prouesse.
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
Étiquettes: mammouth de Krestovka, adn, siberie, prehistoire, mammouth, genome
Catégories: Actualités, Histoire