Intégrant une boucle de rétroaction auparavant non prise en compte par les modèles climatiques, ces nouvelles recherches suggèrent l’impossibilité de maintenir le réchauffement de la planète sous le seuil de 2 °C.
Des changements inéluctables
Publiée dans la revue Nature Climate Change, cette nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université du Texas jette un nouveau regard sur le problème du « réchauffement engagé ». Un terme faisant référence à l’idée que l’élévation actuelle des températures mondiales et les niveaux de gaz à effet de serre déjà présents dans l’atmosphère auront des effets en cascade qui continueront à alimenter le changement climatique au cours des prochaines décennies, même si toutes les émissions de gaz à effet de serre cessaient dès à présent.
Bien que ce phénomène soit pris en compte dans les modèles climatiques depuis plusieurs années, ces travaux ajoutent une nouvelle « boucle de rétroaction positive », très loin de l’être pour le climat. Connue sous le nom « d’effet de modèle », celle-ci concerne les changements inéluctables liés à la température océanique de surface et à la glace de mer, qui éroderont la capacité de la planète à se refroidir sur le long terme.
La glace de mer réfléchissant une part importante du rayonnement solaire vers l’espace, la baisse de ses niveaux, alimentée par le réchauffement climatique, entraîne une augmentation de l’énergie disponible pour réchauffer les terres et les océans, ce qui se traduit par une accentuation de la fonte. En d’autres termes : un cercle vicieux.
Les pays ayant ratifié l’accord de Paris sur le climat se sont engagés à maintenir le réchauffement climatique (actuellement évalué à 1,07 °C) sous la barre des 2 °C à l’horizon 2100. Mais selon les chercheurs, même si les émissions de gaz à effet de serre tombaient subitement à zéro, les températures mondiales globales finiraient inévitablement par être supérieures de 2,3 °C à celles de l’ère préindustrielle.
Poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures
« Une certaine inertie fera que le système climatique continuera inexorablement à se réchauffer, et c’est essentiellement ce que nous calculons », a estimé le climatologue Andrew Dessler, auteur principal de l’étude. « On peut comparer le système climatique au Titanic. Lorsque les icebergs ont été aperçus, il était déjà trop tard pour espérer pouvoir les éviter. »
Cependant, cette inéluctabilité ne remet à aucun moment en question les actions actuellement entreprises pour limiter le réchauffement. D’après l’équipe, qui précise ne pas avoir pris en compte les effets potentiels des technologies actuellement développées pour réduire les niveaux de CO2 atmosphérique, atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible aura des retombées positives significatives pour l’humanité à court comme à long terme.
« Si nous ne le faisons pas, nous passerons également au travers [des objectifs climatiques] dans quelques décennies », poursuit Dessler. « C’est vraiment le taux de réchauffement qui rend le changement climatique si terrible. Assister à une augmentation de quelques degrés sur 100 000 ans n’aurait rien d’insurmontable, mais c’est une tout autre histoire lorsque celle-ci intervient sur une période d’un siècle seulement. »
Par Yann Contegat, le
Source: Live Science
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