— Marjan Apostolovic / Shutterstock.com

Ce qu’il y a de plus difficile quand on condamne une personne, c’est souvent de lui faire comprendre qu’elle a fait quelque chose de mal, en d’autres termes de lui faire éprouver de l’empathie envers ses victimes. Toutefois, une étude de l’université de Hambourg pourrait permettre de changer ce regard.

Susciter l’empathie pour mieux comprendre les victimes de harcèlement

Selon les chercheurs de l’université de Hambourg, menés par Aline de Borst, la réhabilitation des personnes condamnées est souvent entravée par leur manque d’empathie envers leurs victimes. Interrogée par la revue Inverse, Aline de Borst affirme que la réalité virtuelle pourrait permettre de changer le regard de ces personnes incarcérées.

Son équipe et elle ont mis au point un dispositif qui permet de se mettre à la place d’une femme victime de harcèlement afin de comprendre ce qu’elle peut ressentir dans une telle situation. Ils ont donc mené une expérience sur 10 hommes et 10 femmes, qui ont vécu une simulation de violences conjugales. Certaines des personnes testées ont pu voir une femme qui imitait leurs mouvements dans un miroir, signifiant qu’elles évoluaient à la première personne, afin de mieux pouvoir comprendre le ressenti d’une victime.

Les autres participants observaient la victime de loin, à la 3e personne donc. L’étude a prouvé que les participants ayant vécu l’expérience à la 1ère personne se sont davantage sentis concernés. L’étude, publiée le 20 avril dans le revue eNeuro, affirme même que des signes d’activité cérébrale, semblables à ceux observés chez les victimes de harcèlement, ont pu être détectés.

Des expériences précédentes similaires

Cette étude vient confirmer des expériences menées auparavant. Par exemple, en 2017, suite à l’affaire Weinstein, l’entreprise Vantage Point avait mis au point un dispositif de réalité virtuelle, à visée pédagogique à destination des entreprises ou universités, visant à apprendre comment réagir en cas de harcèlement sexuel, mais également à développer de l’empathie.

En France cette fois, en 2018, une expérience de réalité virtuelle, La Traque, mettait en scène, en réalité virtuelle, du harcèlement sexuel au sein d’une entreprise, du point de vue de la victime, ceci afin de mieux comprendre ce que l’on peut ressentir dans de telles situations.

L’étude de l’université de Hambourg permet de réaliser ce que peut ressentir une victime de harcèlement, toutefois selon les chercheurs eux-mêmes, ces résultats sont à relativiser, l’empathie étant provoquée principalement par le fait de s’approprier le corps de la victime, alors que d’autres moyens existent. De plus, cette étude ne traite pas des moyens mis en oeuvre pour traiter le manque d’empathie. Il s’agit tout de même d’une première preuve que la réalité virtuelle peut créer une certaine empathie chez les personnes coupables, et ainsi permettre à l’avenir des études plus approfondies sur le sujet, et peut-être une diminution de ces agissements si de telles méthodes se généralisent.

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