Alors qu’ils recherchaient des traces de morsures indiquant que des prédateurs préhistoriques chassaient nos lointains ancêtres, une équipe de paléoanthropologues a découvert les preuves les plus précoces de cannibalisme humain à ce jour.
Un réexamen révélateur
Publiés dans la revue Scientific Reports, ces travaux ont impliqué l’analyse d’un tibia d’hominine vieux d’1,45 million d’années, découvert dans le nord du Kenya en 1970 et actuellement conservé au Musée national de Nairobi. En observant les modèles 3D du fossile, Briana Pobiner, du Smithsonian’s National Museum of Natural History, et ses collègues ont identifié onze marques de coupure.
Leur comparaison à 898 autres exemples de lésions osseuses résultant de piétinement, de morsures animales ou de dépeçage a révélé que neuf d’entre elles avaient été causées par l’utilisation d’outils en pierre. Selon l’équipe, leur emplacement, à l’endroit où le muscle du mollet aurait été attaché à l’os, suggère que l’individu qui maniait ces objets savait ce qu’il faisait.
« Elles sont toutes orientées de la même façon, de sorte qu’une main brandissant un outil en pierre aurait pu les faire successivement sans changer de prise ni ajuster l’angle d’attaque », détaille Pobiner.
Les deux autres marques ont été attribuées à un chat à dents de sabre préhistorique. Toutefois, le fait qu’elles ne se chevauchent pas n’a pas permis d’établir si elles avaient entraîné la mort de la victime, ou si le félin préhistorique s’était contenté de charogner sa carcasse.
Les plus anciens témoignages de cannibalisme chez les anciens humains
Si ces nouvelles analyses n’ont pas permis d’établir l’espèce à laquelle appartenait le tibia fossilisé (initialement attribué à Australopoithecus boisei, puis à Homo erectus en 1990), ces marques indiquent que les hominines avaient recours au cannibalisme il y a au moins 1,45 million d’années.
« Elles ressemblent beaucoup à celles présentes sur des fossiles d’animaux transformés pour la consommation », souligne Pobiner. « Il semble clair que la viande de cette jambe a été mangée, et ce, à des fins de subsistance plutôt que rituelles. »
« Il est possible de faire des découvertes étonnantes en retournant dans les collections des musées et en réexaminant les fossiles », conclut la chercheuse.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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