
L’exploration de Mars par des astronautes représente un défi technologique et humain sans précédent. Parmi les nombreux dangers auxquels ces explorateurs devront faire face, la poussière toxique martienne s’impose comme un risque important pour leur santé. Une étude récente de la Keck School of Medicine de l’université de Californie du Sud (USC), publiée dans la revue GeoHealth, révèle les risques respiratoires et autres problèmes de santé liés à l’exposition à ces poussières.
Une menace omniprésente
Sur Mars, les tempêtes de poussière peuvent générer des charges électrostatiques capables de perturber les appareils électroniques et d’encrasser les panneaux solaires. Ces phénomènes ont déjà entraîné la perte de missions robotiques, notamment le rover Opportunity en 2018 et l’atterrisseur InSight en 2022. Mais les missions avec équipage, prévues par la NASA et l’Agence spatiale chinoise dans les prochaines décennies, feront face à des défis encore plus complexes.
Chaque année martienne, qui dure environ 687 jours terrestres, des tempêtes de poussière régionales se produisent, particulièrement pendant l’été dans l’hémisphère sud. Tous les trois ans martiens (environ cinq ans et demi terrestres), ces tempêtes s’étendent à l’échelle planétaire. Ces phénomènes massifs, visibles depuis la Terre, posent des risques pour les astronautes qui devront vivre et travailler sur la planète rouge pendant des mois, voire des années.
Les voyages vers Mars présentent des contraintes importantes. La distance entre la Terre et Mars est d’environ 55 millions de kilomètres au plus proche, soit 142 fois la distance Terre-Lune. Un aller simple nécessite entre six et neuf mois, ce qui expose les astronautes à des changements physiologiques liés à la microgravité, comme la perte de densité osseuse, l’atrophie musculaire et l’affaiblissement du système cardiovasculaire. Une mission complète, incluant le séjour sur Mars, pourrait durer jusqu’à trois ans.
Des effets néfastes sur la santé
En plus des contraintes physiques, les astronautes devront faire face à des niveaux élevés de radiations, que ce soit pendant le transit spatial ou sur la surface martienne. À cela s’ajoute l’exposition au régolithe martien, une poussière extrêmement fine et potentiellement toxique.
La présence de silice et de fer nanophasé dans le régolithe martien pourrait entraîner des maladies respiratoires graves. Comme l’explique Justin L. Wang, principal auteur de l’étude et chercheur à l’USC, les particules de poussière sur Mars sont bien plus fines que celles que le mucus des poumons humains est capable d’expulser, ce qui augmente leur potentiel de nuisance.
Des études précédentes sur la poussière lunaire, menées après les missions Apollo, ont déjà révélé des symptômes d’irritation respiratoire chez les astronautes exposés. Les astronautes avaient rapporté que la poussière lunaire collait aux combinaisons et aux surfaces à l’intérieur des vaisseaux. De retour sur Terre, ils avaient souffert de symptômes tels que toux, irritation de la gorge et vision brouillée. La poussière martienne, avec sa composition unique incluant des perchlorates, de la rouille (oxydes de fer), du gypse et des métaux toxiques comme l’arsenic et le cadmium, pourrait être encore plus nocive.
Des contre-mesures indispensables
Selon Wang, la poussière martienne pourrait causer des maladies similaires à la silicose, observée chez les travailleurs exposés à la silice, ou à la pneumoconiose, fréquente chez les mineurs de charbon. Ces pathologies, combinées à une exposition prolongée aux radiations, pourraient gravement affecter les poumons des astronautes. De plus, les traitements médicaux sur Mars seront compliqués par la distance qui rend impossible un retour rapide sur Terre en cas d’urgence.
Face à ces risques, les chercheurs recommandent de réduire au maximum la contamination des habitats par la poussière martienne. Des systèmes de filtration efficaces devront être développés pour empêcher l’accumulation de particules. Cependant, même avec ces précautions, il est probable que des infiltrations se produisent, notamment lors des tempêtes de poussière.
Les chercheurs envisagent également des solutions pharmacologiques. Par exemple, la vitamine C pourrait réduire les effets du chrome toxique, tandis que l’iode pourrait limiter les troubles thyroïdiens causés par les perchlorates. Toutefois, ces approches doivent être utilisées avec prudence, étant donné qu’une consommation excessive de vitamine C peut provoquer des calculs rénaux et qu’un excès d’iode peut aggraver les maladies qu’il est censé prévenir.
Les agences spatiales travaillent déjà sur des technologies pour contrer les effets du régolithe, comme des pulvérisations spéciales, des faisceaux d’électrons ou des revêtements protecteurs. Alors que l’humanité se prépare à poser le pied sur Mars, des solutions efficaces devront être développées pour réduire les risques liés à la poussière martienne.
Par ailleurs, de vastes structures cachées ont été découvertes sous la surface de Mars.