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— © Dr._Colleen_Morgan / Wikimedia Commons

La fouille d’un site préhistorique remarquable près de Peterborough, dans l’est de l’Angleterre, a récemment permis de lever le voile sur le quotidien des habitants de la fin de l’âge du bronze. Ce site, souvent comparé à la célèbre Pompéi pour l’extraordinaire conservation de ses artefacts, révèle des aspects de la culture et de la vie sociale de cette époque reculée. 

Un village préhistorique préservé

Situé dans la carrière de Must Farm, à proximité de Peterborough dans le Cambridgeshire, à l’est de l’Angleterre, le site a été exploré depuis sa découverte en 1999, révélant les restes d’un village sur pilotis datant de 850 avant notre ère. Ce village était érigé sur des pilotis au-dessus d’une rivière à faible courant aujourd’hui disparue, dans la région marécageuse des Fens.

Cependant, des preuves indiquent qu’un incendie désastreux a frappé la colonie alors qu’elle n’avait même pas un an, détruisant les maisons et tout ce qui se trouvait à l’intérieur avant qu’elles ne s’effondrent dans la rivière boueuse en dessous. 

Un ensemble de circonstances, incluant la carbonisation par le feu, l’immersion dans une eau stagnante et l’ensevelissement sous des sédiments pauvres en oxygène, a permis une conservation remarquable de la structure du village et de ses artefacts. Ces facteurs ont permis aux archéologues de l’Unité archéologique de Cambridge (CAU) de réaliser des découvertes exceptionnelles lors des fouilles de 2015-2016.

Les structures révélatrices

Les archéologues affirment que des milliers d’artefacts et un groupe exceptionnellement bien préservé de structures domestiques en bois, sans équivalent dans la qualité de leurs détails architecturaux, ont été découverts lors des fouilles. Les découvertes les plus récentes mettent en lumière l’intérieur des maisons, les animaux que les Britanniques de l’âge du bronze élevaient et les vêtements qu’ils portaient, entre autres aspects de la vie quotidienne, révélant avec une clarté inédite la vie domestique remarquablement complexe de ces gens.

Les fouilles ont mis au jour quatre grandes maisons rondes en bois et une structure carrée, toutes bâties sur pilotis. Certaines des plus grandes résidences étaient reliées par des passerelles surélevées, et la communauté était entourée d’une clôture faite de poteaux de bois aiguisés de 1,80 mètre de haut. La moitié du site ayant été détruite par l’exploitation de carrières au XXe siècle, le village d’origine était probablement deux fois plus grand qu’il n’y paraît.

L’agencement de ces maisons, avec des zones d’activités spécifiques rappelant les pièces fonctionnelles des habitations modernes, indique une organisation sociale et domestique sophistiquée. Cette organisation spatiale témoigne d’une séparation claire entre les espaces de cuisine, de travail, de vie des animaux et de sommeil.

Technologie et vie quotidienne

L’analyse détaillée des structures et des artefacts révèle un niveau de confort et de sophistication technique étonnant pour l’époque. Les toits de chaque maison circulaire étaient constitués de trois couches : de la paille qui servait d’isolant, recouverte d’herbe et d’argile, et laissée ouverte pour permettre une bonne ventilation et une bonne chaleur, ce qui contribuait à des niveaux de confort étonnamment élevés.

En plus des aspects architecturaux et domestiques, le site a livré des textiles préservés parmi les plus remarquables de cette période en Europe. Outre des épées, l’équipe a également découvert une collection de lances mesurant jusqu’à trois mètres de long. Ces armes auraient pu être utilisées pour la chasse ou la défense des animaux. 

Quelques autres découvertes notables sont des excréments humains fossilisés, dont certains contenaient des œufs de parasites, ce qui suggère que les habitants du site luttaient contre les vers intestinaux. De nombreux crânes de petits chiens trouvés sur le site indiquent que les Fen utilisaient ces animaux à la fois pour la chasse et pour l’usage domestique, peut-être comme animaux de compagnie.

Bien qu’il n’y ait aucune preuve que quelqu’un soit mort dans l’incendie, les archéologues ont découvert des ossements humains sur le site, parmi lesquels le crâne d’une femme adulte qui avait été poli plusieurs fois, ce qui pourrait suggérer qu’il s’agissait d’un souvenir d’un être cher décédé. Il est possible que les occupants aient simplement déménagé dans une nouvelle communauté après l’incendie. Par ailleurs, des archéologues mettent au jour une ancienne boulangerie-prison à Pompéi.

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