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La mégafaune ancienne a probablement succombé aux incendies d’origine humaine il y a 13 000 ans

La hausse des températures et les incendies de forêt ont provoqué la disparition du tigre à dents de sabre et d'autres grands mammifères

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— © John McColgan / Wikimedia Commons

Les mystères entourant l’extinction massive de la mégafaune ancienne commencent à se dévoiler grâce à une étude approfondie menée sur les restes fossilisés découverts dans la carrière de goudron de La Brea, située dans le sud de la Californie. Les résultats de cette recherche révèlent un lien troublant entre les activités humaines, les changements climatiques et l’augmentation des incendies de forêt, ce qui a eu un impact dévastateur sur les espèces de mégafaune qui peuplaient autrefois la région. Ces découvertes sont particulièrement préoccupantes compte tenu de la résurgence actuelle des incendies de forêt dans diverses parties du monde.

Les incendies ravageurs et leurs conséquences

À la croisée des changements climatiques et de l’activité humaine, la fin de l’ère du Pléistocène a été marquée par une série d’événements dévastateurs. Au cours de la dernière période glaciaire, il y a environ 13 000 ans, près des deux tiers des grandes espèces de mammifères en dehors de l’Afrique ont subitement disparu. Cela pourrait bien représenter le point culminant des processus d’extinction qui se déroulent encore aujourd’hui. 

Des changements climatiques mondiaux et l’émergence de nouvelles colonies humaines semblent coïncider avec ce déclin massif de la faune. Pourtant, les raisons précises de cette extinction demeurent obscures en l’absence de preuves fossiles datées de manière précise et d’une chronologie détaillée.

C’est dans les fosses de goudron de La Brea, un site actif et emblématique de la région, que les chercheurs ont concentré leurs efforts pour élucider ces mystères. Ces fosses, recouvertes d’asphalte noir, ont piégé les créatures préhistoriques qui s’y sont enfoncées, préservant ainsi leurs restes sous forme de fossiles d’asphalte. 

L’analyse approfondie des fossiles appartenant à huit espèces de mégafaune, dont des chevaux, des coyotes, des chats à dents de sabre et des lions d’Amérique, a fourni des indices cruciaux sur la chronologie de l’extinction. Les datations au radiocarbone ont révélé que sept de ces espèces ont disparu il y a environ 13 000 ans, coïncidant avec la montée des activités humaines.

Incendies d’origine humaine

L’examen minutieux des fossiles a dévoilé un lien percutant entre l’activité humaine, les incendies de forêt et l’extinction de la mégafaune ancienne. Au moment où les populations humaines augmentaient en Amérique du Nord, une période de changements climatiques et écologiques drastiques a été observée, accompagnée d’incendies sans précédent, selon Lisa Martinez, doctorante à l’UCLA qui a participé à l’étude. Cette corrélation temporelle suggère que l’Homme a joué un rôle majeur dans la déclenchement de ces incendies et, par conséquent, dans le déclin de ces espèces emblématiques.

L’étude a mis en lumière une séquence alarmante d’événements écologiques entrelacés. L’augmentation des incendies était associée à des changements climatiques, notamment une diminution du pollen des arbres. Cette diminution du pollen témoignait non seulement d’une intensification des incendies, mais également d’un impact sur les populations de mégafaune, qui dépendaient de ces ressources pour leur subsistance. 

Selon le Dr Regan Dunn, paléobotaniste et conservateur adjoint des fosses de goudron de La Brea, l’activité humaine est apparue comme un élément déclencheur crucial de ces incendies dévastateurs. Actuellement, 95 % des incendies observés sont la création accidentelle par les lignes électriques, les feux de camp échappés, les cigarettes et autres facteurs anthropogéniques.

— © Marcus Burkhardt / Wikimedia Commons

Les leçons du passé pour l’avenir

Les découvertes de cette étude fournissent une réflexion poignante sur les parallèles entre le passé et le présent. Alors que nous affrontons des changements climatiques induits par l’Homme, les conditions propices aux sécheresses prolongées et les incendies de forêt de plus en plus destructeurs menacent de nouveau les grands mammifères. 

Face à cette sombre réalité, il devient impératif de prendre des mesures pour éviter une répétition de l’histoire. Les résultats de cette étude soulignent l’urgence de repenser nos actions et nos politiques pour atténuer les changements climatiques et réduire les risques d’incendies de forêt.

De plus, les incendies de forêt gagnent en ampleur et en fréquence. Il est donc crucial de prêter attention aux avertissements enfouis dans le goudron de La Brea. Bien que le temps d’agir subsiste, cette fenêtre se ferme rapidement.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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