Cette étude confirme ce que beaucoup craignaient : l’impact de la pollution de l’air sur la santé a été largement sous-estimé par l’Agence européenne de l’environnement. Jugée chaque année responsable de près de 9 millions de morts dans le monde et de 800 000 en Europe, elle tue plus que le tabac.

Les précédentes études avaient largement sous-estimé son impact sur notre santé

Publiés dans la revue European Heart Journal, ces travaux menés par des chercheurs allemands à l’aide d’un nouvel outil statistique confirment que les précédentes études avaient largement minimisé l’impact de la pollution de l’air (particules très fines, dioxyde d’azote émis par les véhicules diesel et ozone) sur la santé. Si l’Agence européenne de l’environnement (AEE) l’avait estimée responsable de 518 000 décès en Europe (dont 480 000 dans l’UE) dans son rapport annuel publié en octobre dernier, la nouvelle méthode de calcul employée par les chercheurs la juge en réalité responsable de 790 000 décès prématurés en Europe (dont 659 000 dans l’UE).

Se basant sur un modèle simulant la façon dont les gaz atmosphériques interagissent avec les composés chimiques générés par l’activité humaine (industries, transports, agriculture…), la nouvelle méthode de calcul employée a permis d’établir que la pollution de l’air dans le monde était quasiment deux fois plus meurtrière que ce que l’on pensait jusqu’alors. Responsable chaque année de 8,8 millions de morts à l’échelle mondiale (dont 2,8 millions en Chine), elle fait ainsi plus de morts que le tabac, dont le nombre de victimes annuel est estimé à 7,2 millions par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pire encore, elle est responsable d’un quart des décès prématurés et maladies dans le monde.

L’Europe fait partie des régions du monde où les taux de pollution de l’air sont les plus élevés

La pollution de l’air entraîne chaque année le décès de 70 000 français

À l’échelle mondiale, cette nouvelle étude attribue en moyenne 120 décès par an pour 100 000 habitants à la pollution de l’air, et ce chiffre grimpe à 133 en Europe, où la combinaison d’un air de piètre qualité et d’une forte densité de population aboutit à une exposition comptant parmi les plus élevées au monde (sachant que les seuils d’exposition aux particules fines fixés y sont 2,5 fois plus élevés que les recommandations de l’OMS). Si les principales victimes de ce phénomènes se trouvent principalement en Europe de l’Est, avec notamment la Roumanie (36 000 morts par an) et l’Ukraine (76 000), la France est loin d’être épargnée avec près de 70 000 décès par an.

Cette nouvelle étude démontre donc que le risque cardiovasculaire lié à la pollution avait été largement minimisé par les précédents travaux, et qu’il est aujourd’hui indispensable de trouver une alternative aux énergies fossiles. Comme l’a reconnu Hans Bruyninckx, qui dirige l’Agence européenne de l’environnement : « Auparavant, on se concentrait sur les risques de cancer liés à la pollution de l’air ou les effets immédiats sur l’appareil respiratoire. Désormais, on comprend mieux le lien avec les problèmes cardiaques, les effets sur le cerveau ou les questions de reproduction ».

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LORI
LORI
5 années

Ne pourrait-on pas mettre de fortes amendes à ceux qui brûlent des pneus lors des manifestations ou blocages de sites ?