
Les gorilles sont incontestablement les plus grands primates vivants. À l’autre extrémité du spectre, on retrouve un lémurien absolument minuscule : le Microcèbe de Madame Berthe.
Primate de poche
Avec une taille ne dépassant pas 9,5 centimètres et un poids plume de trente grammes, Microcebus berthae tiendrait facilement dans votre paume. Ces discrètes créatures, découvertes dans les forêts sèches de l’ouest de Madagascar en 1992, passent l’essentiel de leur temps dans les arbres. Plutôt solitaires, elles peuvent ponctuellement dormir en groupe.
Reconnaissable à leur pelage dorsal dense et bicolore (cannelle et ocre jaune) et leurs flancs plus clairs, elles possèdent, comme les autres espèces de microcèbes, des yeux massifs et un court museau.
Si le régime de M. berthae comprend de petits vertébrés, ainsi que différents fruits et fleurs, ce primate de poche tire l’essentiel de ses nutriments du « miellat », substance sucrée sécrétée par les nymphes de la cicadelle Flatida coccinea.
Madame Berthe's Mouse Lemur, the smallest and arguably cutest of all of the primates pic.twitter.com/UtUbIVd0zr
— 🦕 thegaminghyena 🦖 (🦣 #NewPleistocene arc 🦥) (@crocutamatata) August 5, 2023
Un penchant qui expliquerait en grande partie son aire de répartition très limitée : ces insectes se nourrissent d’une plante ligneuse typique des habitats du Microcèbe de Madame Berthe (devant son nom à la conservationniste et primatologue malgache Berthe Rakotosamimanana, disparue en 2005).
Une espèce menacée
La déforestation (et la fragmentation de son habitat déjà réduit qui en découle) constitue la principale menace pesant sur M. berthae. Figurant depuis 2012 sur la liste des 25 espèces de primates les plus menacées au monde, il est également classé comme « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
En 2022, des chercheurs du Centre allemand de primatologie n’avaient trouvé aucune trace du minuscule lémurien dans une zone forestière de plusieurs dizaines d’hectares où il était autrefois répandu.
« Bien qu’il soit impossible de prouver que M. berthae a réellement disparu, ce constat alarmant suggère qu’il pourrait s’agir de la première espèce de lémurien à s’éteindre au XXIe siècle », concluaient-ils.
Il y a quelques années, des chercheurs avaient percé les secrets d’un comportement intrigant des lémuriens.