Prendre en photo des ballerines peut paraître anodin, mais pour Mohammed Tehar, ce geste lui permet d’exprimer sa créativité et d’aider les femmes. Ce photographe égyptien a choisi de réaliser une série de clichés mettant en scène des danseuses dans les rues du Caire. Une manière pour les femmes de reprendre la rue et de lutter contre le harcèlement sexuel dont elles sont victimes au quotidien. 

Photographe aimant capter avec son objectif les mouvements des danseurs, Mohamed Taher a décidé de consacrer une nouvelle série de clichés à la grâce, à l’élégance et à la souplesse des danseuses. Dans Ballerinas of Cairo, il fait poser des ballerines dans les rues de la capitale égyptienne dans des poses dynamiques, aériennes et empreintes de poésie. Les clichés ont cependant une autre vocation : aider les femmes à lutter contre le harcèlement sexuel.

Un rapport des Nations Unies, publié en 2013, a mis au jour une réalité effrayante : au Caire, 99,3% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans la rue. Les séances photos organisées pour Ballerines of Cairo sont alors devenues une manière pour les femmes de reprendre les rues avec autorité et élégance. Avec les cheveux lâchés, des robes et des chaussures de danse, les femmes prennent le contrôle des rues et ce, alors que la vie suit son cours.

Ce détail peut paraître anodin, mais il participe à la force des photos car au lieu de blâmer les danseuses, les passants s’arrêtent pour les regarder, les encourager ou les ignorent simplement. Le photographe s’est d’ailleurs exprimé sur ce point : « Je pensais que les gens allaient mal réagir à ce sujet parce que c’est une sorte de communauté conservatrice ici. Mais j’ai été un peu étonné quand les gens nous ont encouragés à continuer et quand ils ont demandé aux filles de danser davantage ». S’il est minime, ce détail ne donne que plus de valeur à ces clichés aussi beaux qu’engagés.

A l’origine simple projet permettant aux femmes de se libérer de l’oppression de la rue, Ballerinas of Cairo est devenue une série que le photographe met régulièrement à jour sur son compte Instagram. Et si le projet est déjà très populaire, les photos vont se multiplier à l’avenir car Mohammed Tehar a reçu des demandes de danseuses souhaitant elles aussi ajouter leur pierre à l’édifice. « Elles veulent danser dans la rue. Elles veulent se sentir libres. Elles veulent avoir ce sentiment de vivre dans les rues à nouveau ». Le Caire n’a donc pas fini de voir ses rues changer en scènes urbaines pour ces danseuses.

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