La famille Médicis a marqué l’histoire de Florence et de la Renaissance par son pouvoir et son mécénat. Mais cette dynastie a aussi connu des drames et des mystères, dont certains pourraient être liés à une maladie insidieuse : la malaria. C’est ce que révèle une nouvelle étude basée sur l’analyse des organes conservés dans le tombeau familial.
Des chasses dangereuses dans les marais
Les Médicis étaient passionnés de chasse et n’hésitaient pas à s’aventurer dans les marais autour de Florence ou dans d’autres domaines en Toscane pour traquer le gibier. Mais ces zones humides étaient infestées de moustiques porteurs du parasite Plasmodium, responsable de la malaria ou paludisme.
Cette maladie se manifeste par de la fièvre, des vomissements, des maux de tête et des frissons, qui apparaissent une à deux semaines après la piqûre infectieuse. Les membres de la famille qui ont été exposés à ces moustiques ont donc pu contracter le paludisme et le transmettre à leurs proches.
Toutefois, il est difficile d’identifier les victimes et de retracer leur histoire médicale. Car les restes osseux ne sont pas tous nommés et les symptômes peuvent être confondus avec d’autres maladies. C’est ce qu’explique Raffaella Bianucci, anthropologue biologique au Ronin Institute dans le New Jersey. Elle a étudié le paludisme chez les Médicis, sans toutefois contribuer à la recherche actuelle.
Une découverte fortuite dans les jarres funéraires
Les Médicis ont eu le privilège d’être inhumés dans la basilique San Lorenzo de Florence, après avoir été embaumés selon un rituel qui consistait à retirer leurs organes internes et à les placer dans de grandes jarres en terre cuite. C’est en comparant des échantillons de tissus à des restes d’organes que les chercheurs ont fait une découverte surprenante : la présence de Plasmodium falciparum sur les globules rouges.
“Nous savions que les globules rouges pouvaient être conservés”, déclare Albert Zink, directeur de l’Institut italien pour l’étude des momies. Il avait déjà trouvé des globules rouges dans les restes d’Otzi, l’homme des glaces vieux de 5 300 ans. Mais il ne s’attendait pas à trouver des parasites après 500 ans.
Ces parasites sont la preuve que le paludisme était endémique de la région du deuxième ou troisième siècle jusqu’au début du 20e siècle. Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est qu’il s’agit de P. falciparum, la souche la plus dangereuse et la plus mortelle du paludisme. Elle est normalement plus adaptée aux climats tropicaux. Le Médicis infecté a dû souffrir d’une forte fièvre intermittente. Mais on ignore si le paludisme a été la cause directe de son décès.
Une confirmation d’une hypothèse ancienne
Les chercheurs ont comparé leurs résultats à ceux d’une étude précédente réalisée en 2010. Elle avait analysé les os de quatre autres membres de la famille Médicis. Ils avaient déjà détecté la présence de P. falciparum chez eux.
Cette nouvelle étude confirme donc l’hypothèse que le paludisme a touché les Médicis et qu’il a pu jouer un rôle dans certains de leurs décès. Elle montre aussi que P. falciparum était plus répandu qu’on ne le pensait en Italie tempérée, selon Zink.
“C’est une preuve indiscutable de quelque chose qui n’était auparavant qu’une hypothèse”, affirme Zink, qui a publié l’étude dans la revue Emerging Infectious Diseases.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
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