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— Roberto La Rosa / Shutterstock.com

De nouvelles recherches suggèrent que le géoglyphe de Cerne Abbas représentait le héros mythologique Hercule (Héraclès pour les Romains), et constituait un point de ralliement pour les armées saxonnes.

Une silhouette emblématique

Gravée dans une colline de craie près du village de Cerne Abbas, dans le sud-ouest de l’Angleterre, cette silhouette géante mesurant environ 55 mètres de haut présente la particularité de ne pouvoir être observée dans son entièreté que depuis l’autre versant de la vallée, ou le ciel. Les plus anciennes évocations connues de cette oeuvre monumentale remontant au XVIIe siècle, sa fonction initiale et l’identité du personnage représenté restaient jusqu’à présent relativement floues.

Brandissant une massue bosselée, cette figure masculine, représentée nue et en érection, semblait arborer une ceinture, matérialisée par la ligne épaisse barrant sa taille. En 1996, une série de relevés avait suggéré la présence de caractéristiques supplémentaires : une cape et ce qui s’apparentait à une tête coupée.

Il y a deux ans, la datation d’échantillons de sols effectuée par le National Trust avait de son côté permis d’établir que les tranchées d’une trentaine de centimètres de large et de profondeur, remplies de craie broyée afin d’éviter que l’herbe ne repousse, avaient été initialement creusées à l’époque saxonne (700 à 1100 de notre ère).

© PeteHarlow / Wikimedia

Publiée dans la revue Speculum, une récente étude dirigée par l’université d’Oxford renforce l’idée qu’il s’agissait d’Hercule, portant vraisemblablement la peau du lion de Némée et tenant la tête d’un centaure dans sa main gauche. Sur la base de l’emplacement du géoglyphe, proche d’importantes voies médiévales, de plusieurs points d’eau et creusé sur un terrain détenu par la famille royale de Saxe occidentale aux IX et Xe siècles, suggère qu’il s’agissait d’un point de rassemblement pour ses armées, alors confrontées à l’envahisseur viking.

Réinterprétation par les moines de l’abbaye de Cerne

Selon les chercheurs, la figure aurait été réinterprétée comme une représentation de saint Eadwold par les moines de l’abbaye de Cerne dans le but de revendiquer les reliques du saint au XIe siècle.

« La présence d’un grand personnage païen, manifestement nu, sur le pas de la porte était problématique pour les moines, qui se sont livrés à un exercice d’interprétation intellectuelle en l’associant à leur saint patron », estime Thomas Morcom, chercheur à l’université d’Oslo et co-auteur de la nouvelle étude.

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