Image d’illustration — seasoning_17 / Shutterstock.com

Une équipe internationale de paléontologues a récemment eu la chance d’étudier une « capsule temporelle » inhabituelle. Un œuf de tortue fossilisé vieux de dizaines de millions d’années renfermant un embryon.

Une espèce préhistorique géante

Si les œufs de tortue s’avèrent rares dans les archives fossiles en raison de leur grande fragilité, les embryons, qui aident les scientifiques à relier les nids aux anciennes espèces connues, le sont encore plus. « Ils sont généralement petits, la coquille est souvent mince comme du papier, et les os embryonnaires minuscules et fragiles », explique Darla Zelenitsky, de l’université de Calgary, au Canada, ayant participé à ces travaux récemment présentés dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

L’œuf avait été trouvé en 2018 par un agriculteur de la province chinoise du Henan (où de nombreux fossiles ont été découverts au cours des dernières décennies), qui en avait fait don à l’université chinoise des géosciences de Wuhan. Les différents microscanners réalisés ont permis aux paléontologues d’observer en détail les os microscopiques qu’il contenait, tandis que le prélèvement et l’analyse au microscope électronique de segments de coquille ont offert à l’équipe un meilleur aperçu des différentes couches le composant.

« Ce fossile s’avère inhabituellement grand pour un œuf de tortue [près de 6 centimètres de diamètre], et présente également une coquille exceptionnellement épaisse [1,8 millimètre] », commente Gerardo Cordero, de l’université de Tübingen, en Allemagne.

L’analyse de la structure osseuse de l’embryon a de son côté montré qu’il appartenait aux Nanhsiungchelyidés, un groupe aujourd’hui éteint de tortues terrestres qui vivaient aux côtés des dinosaures durant le Crétacé. S’appuyant sur les dimensions de l’œuf, l’équipe a déterminé que le reptile qui l’avait pondu portait une imposante carapace de près d’1,6 mètre.

Des indices sur l’environnement de ces tortues anciennes

L’œuf fossile a également offert des indices concernant l’environnement au sein duquel évoluait cette tortue préhistorique il y a environ 85 millions d’années. « Une telle épaisseur fait davantage penser à un œuf d’autruche », explique Zelenitsky. « Cela laisse supposer un climat aride, ayant obligé les tortues à creuser des nids plus profonds. »

« Sa coquille rigide et la forme sphérique de l’œuf rappellent celles des tortues à carapace molle d’aujourd’hui, qui pondent leurs œufs dans des nids souterrains près de l’eau », souligne de son côté Cordero.

Ayant probablement contribué à éviter l’évaporation de l’eau au sein de l’œuf, une enveloppe aussi épaisse aurait également réduit le risque que ce dernier ne soit brisé, ou dégradé par des insectes. « Dans cette partie la plus vulnérable de la vie d’une tortue, une telle armure aurait été un atout non négligeable, à une époque où les crocodiliens, les mammifères et les petits dinosaures auraient pu convoiter ces œufs pour leur petit déjeuner », conclut Zelenitsky.

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