Dévoilé cette semaine, le nouveau budget de la Nouvelle-Zélande a largement fait réagir. Présenté comme le premier pays occidental à considérer le bien-être comme plus important que la pression économique, c’est une première. Il a été voté et présenté dans le but de lutter contre divers problèmes de santé. Explications.

Une hausse du budget

C’est la Première ministre du pays, Jacinda Ardern, qui a promis que des milliards de dollars néo-zélandais seront injectés dans la lutte contre les problèmes de santé mentale, mais également dans le combat contre le suicide et la pauvreté chez les enfants. C’est ainsi qu’environ 2 milliards de dollars locaux (1,1 milliard d’euros) seront consacrés au service d’aide concernant la santé mentale. Rappelons que la Nouvelle-Zélande possède l’un des taux de suicide chez les adolescents et les jeunes adultes les plus préoccupants.

« Nous avions dit que nous voulions être un gouvernement qui fait les choses différemment et, avec ce budget, c’est précisément ce que nous avons fait », a déclaré Mme Ardern. Annoncée comme une première mondiale, ce genre d’initiative inquiète cependant l’opposition, qui la considère comme une opération marketing et un écran de fumée.

Mais comme indique la cheffe du gouvernement, cette initiative est attendue depuis désormais deux ans puisqu’elle était incluse dans le programme des travaillistes, élus en 2017. C’est dans ce sens-là que le ministre des Finances, Grant Robertson, a débloqué plusieurs milliards de dollars. En plus des causes que nous avons citées ci-dessus, les milliards de dollars aideront également dans la lutte en faveur de la prévention des violences domestiques, ou encore ce qui concerne les problèmes de populations indigènes, mises en marge.

Il y a aura donc une amélioration des services de santé mentale qui existent déjà, et la création d’autres instances qui viendront compléter l’offre fournie actuellement aux personnes dans le besoin. Il est également annoncé que les personnes atteintes de problèmes de santé mentale légers ou modérés auront une meilleure prise en charge qu’avant.

Enfin, près de 200 millions de dollars néo-zélandais serviront à fournir un refuge de longue durée aux sans-abri, sans aucune condition. L’objectif est de minimiser l’importance du PIB, qui est trop souvent considéré comme un indicateur clé de la réussite et qui ne rime pas forcément avec bonheur.

Une première mondiale ?

En 2009, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait conseillé de donner la priorité au bien-être plutôt qu’à la croissance économique d’un pays. Une annonce de cette ampleur a rapidement posé de multiples questions pour les économistes, car c’est la première fois qu’un gouvernement d’un pays aussi important que la Nouvelle-Zélande mesure ses dépenses et son progrès économique en fonction du bien-être de ses habitants.

En effet, pour qu’un ministre néo-zélandais demande une hausse budgétaire, il faudra désormais que cette dernière remplisse cinq critères : la précarité des enfants, la santé mentale, les inégalités des indigènes locaux, la transition vers une économie durable à faible émission de carbone et la transition numérique. Sans remplir ces cinq critères, chaque nouvelle demande budgétaire sera refusée.

Même dans un pays en pleine croissance économique comme la Nouvelle-Zélande, la qualité de vie n’est pas au beau fixe. Selon le ministre des Finances, « de nombreux Néo-zélandais ne bénéficient pas au quotidien de notre économie florissante et notre budget doit résoudre l’écart qui se creuse entre riches et pauvres ». Sous un modèle moins poussé, la France suit depuis quelques années les indicateurs de richesse qui comprennent également l’empreinte carbone, les sorties précoces du système scolaire, les inégalités de revenus ou encore la satisfaction dans la vie.

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