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— Dotted Yeti / Shutterstock.com

Des scanners haute résolution ont révélé l’un des plus grands secrets du « monstre de Tully », qui vivait il y a 300 millions d’années et dont les fossiles déconcertent les paléontologues depuis des décennies.

Tullimonstrum gregarium

Avec son corps mou, ses yeux saillants et son long appendice denté, le monstre de Tully n’avait pas vraiment une gueule de porte-bonheur. Mesurant 15 centimètres de long, cet animal vivait à la fin du Carbonifère, plus précisément au Pennsylvanien (il y a 318 à 299 millions d’années). Une sous-période marquée par l’apparition des premiers reptiles, de mille-pattes géants de trois mètres de long, de libellules d’un mètre d’envergure et de forêts de lichens de 20 mètres de haut.

Le premier spécimen de Tullimonstrum gregarium avait été mis au jour en 1958 par le chasseur de fossile Francis Tully, dans la formation américaine de Mazon Creek (Illinois). Bien que plus d’une centaine de fossiles aient depuis été découverts et étudiés, l’étrange anatomie de ces petites créatures a rendu leur classification particulièrement ardue.

Jusqu’à récemment, les scientifiques ignoraient même s’il s’agissait d’un vertébré ou d’un invertébré. Alors que les partisans de la première hypothèse arguaient que ces créatures préhistoriques constituaient un probable chaînon manquant de l’évolution lié aux cyclostomes (créatures aquatiques sans mâchoire), de nouvelles analyses menées par une équipe japonaise ont permis de confirmer qu’elles ne possédaient pas de squelette interne.

Souvent utilisées pour étudier les empreintes de dinosaures, ces cartes de profondeur codées par couleur ont permis aux chercheurs d’étudier en détail l’anatomie du monstre de Tully — © Mikami et al. / Palaeontology 2022

De nouvelles preuves rendant l’hypothèse vertébrée indéfendable

Détaillés dans la revue Palaeontology, ces travaux ont impliqué la tomographie à rayons X assistée par ordinateur afin de créer des coupes transversales « virtuelles » des corps mous fossilisés de 150 spécimens de monstre de Tully. Sur la base de ces nouvelles preuves, Tomoyuki Mikami et ses collègues de l’université de Tokyo jugent « l’hypothèse vertébrée du monstre de Tully indéfendable ».

« Le point le plus important est que le monstre de Tully présentait une segmentation dans la région de la tête qui s’étendait à partir du corps. Une caractéristique qui n’est connue dans aucune lignée de vertébrés, ce qui suggère une affinité étroite avec les non-vertébrés », souligne l’équipe.

Si ces travaux contribuent à éclaircir l’un des mystères entourant Tullimonstrum gregarium, sa véritable nature demeure obscure. Selon les paléontologues, cette créature défiant nos connaissances actuelles concernant l’évolution de la vie terrestre souligne son caractère dynamique.

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