Avec les préoccupations écologiques et la problématique du réchauffement climatique, il est grand temps de revoir notre façon de cultiver les plantes. Dans un lycée tout près de Lyon, un groupe d’élèves a justement conçu un projet de culture potagère capable d’optimiser sa consommation en eau d’elle-même.
Une culture rotative
Météogyre, c’est le projet de huit élèves de première du lycée René Descartes de Saint Genis Laval, à proximité de Lyon. Un projet innovant qui leur a valu d’être notamment invités à participer au Stockholm Junior Water Prize, un prix qui récompense les projets scientifiques de lycéens sur le thème de l’eau, qui se déroulera ce mois-ci dans la capitale suédoise.
Le concept consiste en un support rempli de terre et incliné à 45 degrés mais aussi capable de tourner sur lui-même. Le but ? Faire en sorte que la culture s’adapte et s’oriente en fonction du mouvement du Soleil. « Tout est parti d’un stage météo que j’ai fait à Toulouse avec l’ENS de Lyon et qui m’a incitée à faire travailler mes élèves autour de ce sujet« , raconte Véronique Ridard, professeur de SVT, au site Sciences et Avenir. « L’idée de départ était de faire un outil qui tournait avec le Soleil mais pour y associer de la SVT nous avons finalement eu l’idée d’une culture qui tournait » .
Optimiser pour moins consommer
Les huit scientifiques en herbe se sont inspirés d’une des conclusions d’un rapport de l’Institut pour l’Éducation relative à l’eau (UNESCO-IHE) datant de 2010 qui estimait que pour la production d’un kilogramme de viande bovine consommable, il y avait en retour une consommation d’eau de l’ordre de 15 500 litres d’eau. Pour proposer une alternative à l’alimentation dite carnée, à base de viande, les élèves ont alors décidé de s’orienter vers une culture de lentilles et de sarrasin.
Le choix de ces légumineuses et céréales s’est lui aussi basé sur une étude, publiée par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) en 2016. Véronique Ridard explique que l’association des « plantes légumineuses et céréales permet à l’Homme de ne pas avoir de carence en acides aminés » . Ce sont ces acides qui composent les protéines et qui sont trouvables notamment dans la viande.
Expérimenter pour mieux affiner
Le choix des lentilles a également été motivé par le fait que les légumineuses peuvent avoir la propriété de fixer l’azote contenu dans l’air et de s’en nourrir. De l’azote qui peut ensuite se retrouver disponible dans le sol pour la saison suivante.
Alors, à raison d’une heure et demie par semaine, les élèves se sont retrouvés dans le but de réaliser diverses expérimentations pour affiner les paramètres d’élaboration de leur culture. Le groupe s’est vu fourni en souches de bactéries Rhizobium, principalement dans le but d’éviter d’utiliser de l’engrais. Ils se sont rapidement rendu compte que ce n’était peut-être pas nécessaire : « Il suffit de récupérer de l’eau ayant préalablement traversé de la terre du jardin pour apporter à moindre coût des bactéries Rhizobium« , précise Véronique Ridard.
Parmi les autres expériences réalisées, on peut également citer des essais avec différents types d’ensoleillement, qui ont permis aux lycéens de déterminer que leur culture nécessitait plutôt une lumière directe. Ils se sont également aperçu que, alors que le sarrasin avait du mal à supporter un excès d’eau, les lentilles pouvaient quant à elle bien y résister, mais étaient susceptibles de souffrir d’un manque d’hydratation. D’où l’idée de réaliser une culture inclinée à 45 degrés : la répartition de l’eau ne serait pas la même pour les différentes plantes mais celles-ci profiteraient d’un ensoleillement direct.
Un premier prototype en vue
Si les élèves de spécialité SVT ont pu faire ces observations, c’est maintenant au tour des élèves en Sciences de l’ingénieur de s’atteler à la réalisation d’un prototype. Le support et le socle de la culture hors sol ont d’ores et déjà été terminés tandis qu’un capteur d’humidité du sol ainsi qu’un réservoir d’eau sont en cours de réalisation. Véronique Ridard explique que ce projet se poursuivra au cours de l’année prochaine. Un moteur et un capteur solaire devraient alors suivre. Ceux-ci permettront d’orienter le support de la culture où se trouvent les plantes en fonction de l’ensoleillement.
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Sciences et Avenir
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