Des chercheurs hong-kongais ont récemment découvert qu’un médicament utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde permettait de supprimer la résistance des bactéries aux antibiotiques.

La résistance aux antibiotiques, problème sanitaire majeur

Les antibiotiques ont constitué l’une des plus importantes découvertes scientifiques du XXe siècle, mais des décennies de surconsommation nous ont malheureusement rattrapés. Faisant partie des rares organismes à pouvoir contourner les lois de l’Évolution, les bactéries ont également développé une résistance à presque tous les médicaments utilisés pour les combattre. De ce fait, si le problème n’est pas rapidement résolu, de nombreux scientifiques craignent que nous assistions à une nouvelle « ère sombre » de la médecine, où même la plus banale des infections redeviendrait mortelle.

Pour éviter que ce scénario cauchemardesque ne se produise, une équipe de chercheurs hong-kongais a étudié les médicaments existants susceptibles de renverser la vapeur et découvert que l’auranofine, un médicament utilisé pour traiter l’arthrite rhumatoïde depuis les années 1980, pouvait restaurer la fonction bactériologique de deux antibiotiques de « dernier recours » qui deviennent inefficaces.

Les carbapénèmes sont une classe d’antibiotiques utilisés pour traiter des infections qui résistent à pratiquement tout le reste de notre arsenal. La colistine, quant à elle, est considérée comme un antibiotique de dernier recours en raison de ses graves effets secondaires. Il est inquiétant de constater que les bactéries sont de plus en plus résistantes à ces deux types de composés.

Dans le cadre de ces nouveaux travaux présentés dans la revue Nature Communications, les chercheurs ont exposé des bactéries E. coli multirésistantes à l’auranofine, et ont découvert que le médicament inhibait deux enzymes clés utilisés par les bactéries pour résister aux antibiotiques.

Des chercheurs allemands ont récemment montré que les antivitamines pourraient constituer une alternative solide aux antibiotiques — Kateryna Kon / Shutterstock.com

Des premiers résultats impressionnants

Connue sous le nom de métallo-bêta-lactamase (MBL), la première est utilisée par les bactéries pour décomposer les carbapénèmes, tandis que la seconde se révèle être l’enzyme de résistance à la colistine mobilisée (MCR) qui, comme son nom l’indique, combat la colistine.

Lorsque l’équipe a combiné l’auranofine avec la colistine ou un carbapénème appelé méropénème, elle a découvert que les anciens médicaments recommençaient non seulement à tuer les superbactéries, mais qu’ils pouvaient le faire avec un dosage 32 à 64 fois plus faible que celui utilisé habituellement. Ce qui permettrait de réduire certains des effets secondaires associés à ces composés.

Lors de tests effectués sur des souris souffrant d’infections résistantes aux médicaments, les chercheurs ont découvert que la combinaison de l’auranofine et de la colistine tuait dix fois plus de bactéries dans le foie et la rate des animaux que l’antibiotique seul. Mieux encore, chez les souris atteintes d’une infection systémique par une superbactérie E. coli, l’ensemble des animaux traités ont survécu après un traitement de cinq jours à l’auranofine et à la colistine.

Bien qu’il reste encore beaucoup de travail aux chercheurs, incluant la réalisation de tests chez l’Homme, les résultats obtenus jusqu’à présent sont prometteurs. Ce type de traitement pourrait contribuer à renforcer notre dernière ligne de défense contre les superbactéries, nous permettant ainsi de gagner du temps pour mettre au point de nouveaux antibiotiques ou traitements.

— Kateryna Kon / Shutterstock.com
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