Les antibiotiques s’accumulent dans les placards et sur les étagères des pharmacies. S’ils restent des médicaments efficaces, ils sont devenus indispensables pour beaucoup de malades et cela inquiète les professionnels de santé. Toujours plus consommés, les antibiotiques pourraient en réalité nous rendre plus malades si nous n’agissons pas pour en réduire les prescriptions.

 

UN SLOGAN QUI NE FAIT PAS RÉAGIR ?

Pour inciter les gens à ne pas prendre d’antibiotiques, une campagne de sensibilisation nous rappelle que « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Lancée pour la première fois en 2002, celle-ci, née d’une initiative gouvernementale, devait inciter les patients à réduire de 25 % leur consommation d’antibiotiques. Plus de 15 ans plus tard, le message n’est toujours pas passé malgré une piqûre de rappel chaque hiver. En l’espace de 10 ans, elle a augmenté de quasiment 9 % et cela inquiète les médecins.

Quand ils sont utilisés de manière raisonnable, les antibiotiques sont un traitement efficace. Cependant, beaucoup les considèrent comme la solution à tous les maux du quotidien et l’utilisent systématiquement. Alors que dans 30 % des cas, les médicaments utilisés sont sans effet.

 

QUELS SONT LES RISQUES DE LA SURCONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES ?

Les médecins alertent d’ailleurs les patients sur les dangers d’un traitement répété aux antibiotiques. S’ils sont utilisés trop souvent, les bactéries qu’ils sont censés combattre développent des défenses que les antibiotiques ne parviennent pas à passer. Comme le médicament est sans effet et les bactéries plus résistantes, les maladies gagnent en intensité et peuvent provoquer dans certains cas des hospitalisations.

Eric Senneville, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tourcoing, affirme que cette surconsommation est un problème majeur. « Si la résistance aux antibiotiques continue à progresser à ce niveau d’intensité, sans autre option de soin, il y aura bientôt des infections banales que l’on ne pourra plus soigner. Des patients décèdent non pas de la gravité de leur maladie, mais de ne pas avoir le bon traitement ».

 

LA RECHERCHE COMME SOLUTION

Malgré les conséquences méconnues de cette surconsommation, les médecins ne peuvent pas stopper leur prescription car ils continuent de sauver des vies. Selon Eric Senneville, le meilleur moyen de venir à bout de ce phénomène est d’amplifier les recherches sur le sujet.

Parmi les pistes qu’il évoque, on trouve le développement « de nouvelles molécules antibiotiques plus ciblées » ainsi que « d’autres produits antibactériens ». Il rappelle enfin que, malgré leur résistance en progression, les bactéries peuvent toujours être éliminées grâce à des traitements simples comme c’est le cas avec le staphylocoque doré, moins présent depuis la multiplication des mesures d’hygiène.

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