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Un masque arc-en-ciel : voilà à cause de quoi cette enseignante du Rhône n’a pas eu le droit de faire cours. Explications. 

Une protection colorée jugée “non réglementaire”

C’est dans le lycée Germaine-Tillion, à Saint-Bel, à proximité de Lyon, que les faits se sont déroulés. La proviseure de cet établissement a effectivement demandé à une de ses professeures de ne pas porter son masque arc-en-ciel, symbole de la lutte contre les discriminations envers les personnes LGBT+. Cette protection colorée a été jugée “non réglementaire”, même si elle était pourtant bien homologuée.

La proviseure s’est justifiée auprès de l’enseignante : “Je vous ai rappelé que vous deviez respecter, en tant que fonctionnaire, le principe de neutralité dans l’exercice de vos fonctions et que si vous n’ôtiez pas votre masque, je vous demandais effectivement de ne pas prendre vos classes.

Afin de remplacer ce masque, la proviseure lui a demandé de porter un masque blanc. Alors que cette professeure de lettres venait de faire cours toute la matinée sans problème avec son masque arc-en-ciel, elle l’a refusé puis a quitté les lieux. Le jour suivant, elle est revenue avec son masque coloré. “A 8 heures, la proviseure m’attendait de pied ferme devant l’établissement, raconte-t-elle à Libération. Elle m’a redit que je ne pouvais pas me présenter avec ce masque, elle m’a fait signer un rapport et m’a renvoyée chez moi. Je ne m’attendais pas à ce qu’on m’empêche de faire cours. Comme si je représentais un danger, c’est inconcevable”, a expliqué l’enseignante.

Ce masque n’était qu’une provocation

Dans un communiqué, le syndicat enseignant SUD Éducation Rhône a rapporté que “la justice a confirmé à plusieurs reprises la compatibilité du drapeau arc-en-ciel avec le devoir de neutralité des services publics”. Puis, le service de communication de l’académie de Lyon a “dément[i] formellement que le rectorat ait interdit le port d’un masque arc-en-ciel à une de ses enseignantes”. Celui-ci a de surcroît rappelé que l’académie est “pleinement mobilisée au quotidien dans la lutte contre toutes formes de discriminations”.

L’enseignante a été convoquée au rectorat le 11 mai avec un représentant du syndicat SUD Éducation, le référent académique “Valeurs de la République” ainsi que deux responsables des ressources humaines du rectorat. “On m’a dit que ce masque n’était qu’une provocation, qu’on ne pouvait pas m’interdire de retourner avec au lycée mais qu’on me conseillait très vivement de ne pas le mettre pour le bien de l’établissement”, a détaillé la professeure. 

Puis, le référent académique lui a dit que “ce symbole pouvait inciter mes élèves à certaines pratiques, à prôner une certaine sexualité. Il a également employé le terme d’’obédience’ pour parler de l’appartenance à la communauté LGBTQI. C’est terrible d’associer un drapeau qui représente l’égalité de la diversité des sexualités avec ce terme.”

Une situation paradoxale

Mais, ironie de la situation, alors que cette interdiction est tombée, l’établissement s’apprêtait à marquer le coup le 17 mai pour la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et les discriminations liées aux identités de genre. “Après ce qui m’est arrivé, j’ai été un peu surprise de voir des affiches arc-en-ciel un peu partout dans l’établissement”, s’est exprimée la professeure de lettres. “Cette politique du ‘pas de vague’ est très nuisible pour l’Éducation nationale car finalement, ça protège un fond d’homophobie et les personnes qui le portent”, a-t-elle ajouté. 

Qu’en est-il de la proviseure ? A-t-elle eu des sanctions ? “Les services RH de l’académie de Lyon ont accompagné cette situation avec un objectif d’apaisement et de pédagogie tant envers l’enseignante que la proviseure”, a simplement expliqué le service de communication de l’académie à Libération. L’enseignante a quant à elle déposé un recours afin d’avoir le droit de porter son masque arc-en-ciel. 

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Philippe Lalanne
Philippe Lalanne
2 années

Il ne reste plus qu’à interdire les arcs-en-ciel. Déjà ceux visibles depuis la cour de récréation. Qu’ils restent dehors… Faudra mettre un toit sur les cours de récré. Quant à Newton qui a découvert la décomposition de la lumière blanche, fini le mec, proscrit à l’Éducation Nationale, rayé des manuels… Lire la suite »

Gurney
Gurney
2 années

C’est terrible de ne pas faire la différence entre la tolérance vis à vis d’une communauté et la promotion de pratiques sexuelles. On pourrait imaginer de trouver des personnes qui fassent preuve d’un jugement éclairé dans les établissements scolaires. Il faut croire que non…