Après avoir été condamnés une première fois pour braconnage en 2018, quatre hommes passionnés d’apnée ont une nouvelle fois été jugés coupables devant un tribunal. Leur crime a été qualifié de préjudice écologique, dans la mesure où ils ont pêché illégalement dans les eaux protégées de Marseille.

Une peine à la hauteur de la valeur du crime commis

C’est dans les eaux protégées du Parc national des Calanques que les quatre braconniers avaient commis leurs méfaits. Ils y avaient chassé illégalement au harpon plus de quatre tonnes de poissons, oursins, poulpes et autres animaux marins du parc, et leur activité criminelle perdure depuis près de quatre ans. Ils chassaient essentiellement la nuit et avaient l’habitude de poster des vidéos de leurs méfaits sur les réseaux sociaux. Les criminels avaient déjà été punis pour ce crime en 2018 et avaient écopé d’une peine de quinze à dix-huit mois de prison avec sursis.

Malheureusement, ces derniers ont encore récidivé et devront en payer le prix. Cette fois-ci, le tribunal de Marseille a condamné les quatre plongeurs à payer plus de 385 000 euros afin de réparer le préjudice écologique causé à l’écosystème. Une partie de cette somme, à hauteur de 350 000 euros, sera ainsi utilisée pour les réparations nécessaires à l’environnement impacté. Le reste de l’argent, d’une valeur de 35 000 euros, sera versé au Parc national des Calanques pour réparation de « préjudice d’atteinte à la mission » et d’atteinte à l’image et la réputation du parc.

— Gaspar Janos / Shutterstock.com

Une condamnation historique qui change la donne

Il est à noter que le tribunal a reçu une demande de la part de la défense des braconniers pour qu’ils prennent en compte la solidarité des braconniers avec les commerçants, notamment les restaurateurs et les écaillers qui achètent ces produits issus du braconnage. Le tribunal a fermement refusé cet argument, et cinq de ces commerçants ont même été condamnés à payer 3 000 euros chacun pour réparation de « préjudice moral » au parc. L’avocat de la défense, Me Julien Anton, a également objecté que la peine était trop lourde pour « quatre personnes physiques à la situation financière compliquée, à qui on a saisi tous leurs biens depuis le jugement de l’année dernière », a rapporté 20 minutes.

Le président du tribunal marseillais, Pierre Jeanjean, a cependant expliqué que le paiement de cette somme est une peine parfaitement raisonnable dans la mesure où cela « ne représentait que deux fois le prix au marché des espèces détruites ». Il a également souligné le fait qu’il ne s’agit pas de la valeur du poisson sur le marché, mais bel et bien sa valeur dans l’écosystème. Plus qu’une simple condamnation, cette peine pénale accompagnée d’une lourde amende est un avertissement pour les braconniers.

L’avocat du parc, Me Sébastien Mabile, a notamment déclaré : « Cette condamnation est un signal très fort, avec une vocation pédagogique pour tous les acteurs à Marseille. » Par ailleurs, il a également tenu à souligner que depuis que le « préjudice écologique » a été inscrit dans la loi en 2016, c’est la première fois qu’il a été évoqué dans une affaire de grande ampleur. De son côté, le président du parc Didier Réault s’est réjoui du fait que ceux qui osent s’attaquer au parc et à ces animaux seront sévèrement punis.

« La nature a un coût et on ne peut plus y faire n’importe quoi. La justice a reconnu le préjudice à une hauteur importante et c’est ça qui compte. J’espère que ça donnera un signal à tous ceux qui seraient tentés de contrevenir à la loi », a-t-il déclaré, a rapporté FranceInfo. Didier Réault a également souligné le fait que ces mesures punitives sont efficaces dans la mesure où une baisse des activités de braconnage dans les Calanques a été observée depuis que le cas de ces quatre plongeurs en apnée a été renvoyé devant un tribunal.

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