Aller au contenu principal

La « manosphère » déforme les recherches scientifiques pour pousser les hommes à haïr les femmes

Les théories misogynes se banalisent sur les réseaux sociaux

manosphère
— africa_pink / Shutterstock.com

L’humanité a peut-être fait de grands progrès en matière de droit des femmes, mais ce progrès est loin d’être uniforme et de nombreux individus continuent de rabaisser les femmes. Certains, qui appartiennent à la communauté manosphère, font même un usage abusif de la science pour valider leurs croyances erronées sur les femmes.

Qu’est-ce que la manosphère ?

La manosphère est un terme qui est apparu avec la montée du féminisme et la vulgarisation d’Internet. Considéré comme un sous-type de la sphère masculiniste, ce terme désigne une communauté en ligne diversifiée englobant une gamme de perspectives sur la masculinité, les relations et les problèmes masculins. Il s’agit ainsi d’un réseau décentralisé où les individus discutent de divers sujets, notamment du développement personnel, des conseils en matière de rencontres, des droits des hommes et surtout des critiques du féminisme.

En effet, bien qu’il existe de nombreux sous-groupes dans la manosphère, la plupart d’entre eux se caractérisent par la revendication des stéréotypes du genre et du mépris des femmes. En bref, la manosphère est une communauté en ligne d’hommes ouvertement sexiste, misogyne et antiféministe. Comme on peut s’y attendre, cette communauté rejette fermement toutes les preuves scientifiques qui démystifient les nombreux stéréotypes sur les femmes et le mouvement féministe.  

Une étude réalisée par les chercheurs de l’université du Kent a même montré que la manosphère détourne abusivement la science pour valider les croyances sur les femmes. La recherche, dont les résultats ont été publiés dans la revue Evolutionary Human Sciences, démontre comment les études évolutionnistes sur le comportement des femmes (en particulier sur les comportements sexuels tels que l’infidélité) sont scrutées par la manosphère en ligne pour justifier leurs croyances antiféministes et sexistes.

― guteksk7 / Shutterstock.com

La manosphère détourne la science en pseudoscience

En revanche, les recherches sur le comportement sexuel masculin sont négligées, ce qui signifie qu’il existe deux poids, deux mesures. Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont analysé plus de 9 000 pages de discours en ligne sur la manosphère, notamment des transcriptions de contenus audio et vidéo, des publications sur Reddit, des livres, des fils de discussion et des articles Web. L’étude a englobé plusieurs groupes de la manosphère, notamment les militants des droits des hommes, les Pick up artists, les Men Going Their Own Way, les Red Pill et les Incels (« célibataires involontaires »).

Ils ont abordé l’analyse en posant deux questions principales : quels concepts académiques sont appropriés dans la manosphère et à quelles fins ; et si oui, la littérature scientifique a-t-elle été déformée ou mal interprétée ? Les résultats ont révélé que l’appropriation de la science évolutionniste est omniprésente dans la manosphère, mais qu’elle est surtout partagée et discutée par la communauté Incel. Notons que l’étude s’est principalement concentrée sur une étude de cas démontrant comment l’hypothèse de la double stratégie d’accouplement est souvent mal utilisée par la manosphère.

Cette théorie suggère que, à un niveau inconscient, les femmes ancestrales peuvent avoir pris des partenaires supplémentaires afin d’assurer à la fois la sécurité de leur partenaire principal et d’avoir des gènes plus adaptés pour leur progéniture. Il a été constaté que dans la manosphère, cette théorie est souvent interprétée à tort. De nombreux membres de la manosphère utilisaient toujours cette théorie pour renforcer ou ajouter une légitimité apparente à leurs croyances négatives sur les femmes et la sexualité féminine.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: IFL Science

Étiquettes: ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *