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Ces dernières années, un nombre croissant de dauphins évoluant dans les eaux côtières ont développé une grave maladie cutanée. Selon cette nouvelle étude, cette affection est directement liée au changement climatique.

Un lien étroit

Dans le cadre de travaux récemment publiés dans la revue Scientific Reports, des chercheurs américains ont montré que la fréquence et la gravité croissantes des tempêtes dues au changement climatique constituaient un facteur clef du développement d’une maladie cutanée potentiellement mortelle chez les dauphins, en modifiant radicalement la salinité des eaux côtières dans lesquelles évoluent les animaux.

Le changement climatique remodèle les systèmes météorologiques terrestres et le renforcement des tempêtes représente l’une de ses principales conséquences. Des travaux ont précédemment montré que la chaleur croissante dans la couche supérieure de l’océan contribuait à l’augmentation de la puissance des ouragans, tandis que des rapports de l’Organisation météorologique mondiale ont montré que les phénomènes météorologiques extrêmes comme les cyclones et les fortes pluies sont de plus en plus fréquents dans le monde.

L’un des sous-produits de ces phénomènes est le déversement d’énormes quantités d’eau douce dans les mers et océans, ce qui entraîne une diminution rapide et importante de leur salinité, pouvant durer des mois. Pour les dauphins qui vivent dans les zones côtières, cela signifie la survenue soudaine de conditions étrangères et défavorables, dont les chercheurs ignoraient jusqu’à récemment les principaux facteurs ainsi que les conséquences sur la santé des cétacés.

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Il a en effet fallu attendre deux vagues récentes de mortalité en Australie parmi des populations distinctes de dauphins côtiers pour que les chercheurs puissent établir des parallèles. Les deux groupes de cétacés présentaient une peau décolorée et des lésions couvrant jusqu’à 70 % de leur corps, tandis que les échantillons prélevés ont révélé la présence de populations fongiques et bactériennes. Selon l’équipe, les deux épidémies ont suivi une « baisse abrupte et marquée de la salinité durant plusieurs semaines ou mois », due à de fortes précipitations dans les bassins versants voisins.

« Il était essentiel de pouvoir mieux cerner le problème »

Associées aux facteurs environnementaux, ces observations ont permis aux auteurs de cette nouvelle étude de créer la toute première définition de cas pour une maladie cutanée dite d’eau douce, et d’établir ce qu’ils considèrent comme un lien entre cette affection et le changement climatique. L’espoir restant que la recherche puisse aider les professionnels à mieux diagnostiquer et à traiter les dauphins touchés par cette maladie qui continuera à progresser dans les années à venir.

« Cette maladie de peau dévastatrice tuant les dauphins depuis l’ouragan Katrina, il était essentiel de pouvoir mieux cerner le problème », explique le Dr Pádraig Duignan, pathologiste en chef au Centre des mammifères marins et auteur principal de l’étude.

« Avec une saison d’ouragans record dans le golfe du Mexique cette année et des systèmes de tempêtes plus intenses dans le monde entier en raison du changement climatique, nous devons absolument nous attendre à voir davantage de ces épidémies dévastatrices. »

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