Dans le paysage énigmatique de l’esprit humain se trouve une relation complexe entre la créativité et la santé mentale. En effet, dans de nombreux cas, une grande créativité a été associée à divers troubles mentaux. Mais est-ce toujours le cas ? Non, bien évidemment, et une nouvelle étude en apporte la preuve.
Quel lien y a-t-il entre la créativité et la santé mentale ?
Il existe de nombreux exemples d’association entre la créativité et la santé mentale. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les artistes célèbres comme Vincent Van Gogh, Robin Williams ou encore Amy Whinehouse et Ernest Hemingway. Par ailleurs, la science a déjà apporté des preuves sur la corrélation entre une propension à la créativité et certains problèmes de santé mentale. Des conditions telles que le trouble bipolaire, la dépression et l’anxiété ont été observées à des fréquences plus élevées chez les individus créatifs.
Bien que cette association n’implique pas de lien de causalité, elle invite à se demander si les complexités de l’esprit humain qui sous-tendent ces conditions alimentent également les feux de la créativité. Si on a tendance à penser que c’est vraiment le cas, il existe aussi des preuves qui indiquent le contraire. Une nouvelle étude réalisée par les chercheurs de l’université d’Aberystwyth au pays de Galles a notamment montré que ce lien entre la créativité et la santé mentale n’est pas à généraliser.
D’après les résultats de leur étude publiée dans la revue Journal BJPsych Open, les magiciens et les illusionnistes sont généralement exempts de problèmes de santé mentale malgré leur propension à la créativité. Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont mesuré les traits psychopathologiques de près de 200 magiciens. Ils ont ensuite comparé leurs résultats avec les données d’autres groupes artistiques (notamment des musiciens et des comédiens) et de la population générale.
Les magiciens sont les moins susceptibles de souffrir de troubles de santé mentale
Les résultats ont montré que les magiciens ont obtenu des résultats nettement inférieurs à ceux des autres types de créatifs et des gens normaux au cours des tests de mesure des traits psychopathologiques. En effet, malgré leur travail qui implique l’illusion de pénétrer dans le mystère et l’occulte, les magiciens étaient moins susceptibles de vivre des expériences inhabituelles associées à la schizophrénie telles que des hallucinations ou une désorganisation cognitive. Il a été souligné que les magiciens ont également obtenu de faibles résultats en matière de non-conformité impulsive.
Notons qu’il s’agit d’un trait associé à un comportement antisocial et à une moindre maîtrise de soi. « Nos recherches montrent que les magiciens ne présentent pas de niveaux plus élevés de troubles mentaux. Les résultats démontrent que l’association entre créativité et psychopathologie est plus complexe qu’on ne le pensait auparavant », a déclaré Gil Greengross, auteur principal de l’étude. Quant à savoir pourquoi les magiciens se démarquent autant des autres créatifs, les chercheurs ont expliqué que cela pourrait être dû à la nature même de leurs activités.
En fait, les magiciens ne font pas que créer, il faut également qu’ils exécutent et performent les résultats de leur création. De plus, les tours qu’ils ont créés nécessitent souvent beaucoup de concentration, d’agilité, de maîtrise de soi, sans oublier de bonnes compétences sociales pour pouvoir interagir avec le public. Si cette découverte peut sembler assez triviale, elle offre des informations importantes qui peuvent être utiles dans divers contextes, notamment pour les cliniciens et le soutien des individus qui souffrent de troubles mentaux.
