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En décembre dernier, l’alunisseur chinois Chang’e 5 était revenu sur Terre avec les premières roches et poussières lunaires depuis 1976. De récentes analyses ont montré qu’il s’agissait des plus jeunes jamais prélevées sur notre satellite naturel, redéfinissant ainsi sa chronologie géologique.

Une première depuis 1976

Présentées dans la revue Science, ces nouvelles recherches sont parmi les premières à être publiées pour la mission Chang’e 5, dont l’achèvement a fait de la Chine le troisième pays à rapporter des échantillons lunaires sur Terre, après les États-Unis et l’Union soviétique. Les roches recueillies lors des missions Apollo et Luna des années 1960 étaient toutes âgées d’au moins trois milliards d’années, ce qui indiquait aux géologues que la Lune n’avait pas connu d’activité volcanique depuis.

Cependant, des images à distance prises récemment de la surface lunaire ont suggéré qu’il existe des roches bien plus jeunes que cela. La mission Chang’e 5, conçue pour recueillir des roches provenant de certaines des plus jeunes surfaces volcaniques de la Lune, constituait l’occasion rêvée de confirmer ces soupçons.

Une équipe internationale de scientifiques a utilisé de grands spectromètres de masse pour étudier la chimie de ces nouveaux échantillons lunaires et analyser la désintégration des éléments radioactifs qu’ils contenaient, fixant leur âge à environ 2 milliards d’années.

Cliché pris par Chang’e 5 lors de son alunissage — © Chinese National Space Agency Lunar Exploration and Space Engineering Center

« Après avoir analysé la chimie des roches lunaires recueillies dans le cadre de la récente mission chinoise, nous avons déterminé que les nouveaux échantillons avaient environ deux milliards d’années, ce qui en fait les roches volcaniques les plus jeunes identifiées sur la Lune à ce jour », explique le professeur Alexander Nemchin, chercheur à l’université Curtin, en Australie, et auteur principal de l’étude.

D’importantes implications

De tels résultats bouleversent non seulement la chronologie de l’activité volcanique récente de notre satellite naturel, mais confirment également l’efficacité des techniques d’observation à distance, ce qui est de bon augure pour l’étude d’autres planètes.

« Ils confirment ce que les experts avaient prédit depuis longtemps sur la base d’images de la Lune obtenues à distance et soulèvent d’autres questions quant à la présence de ces jeunes basaltes », explique le professeur Gretchen Benedix, co-auteure de l’étude. « La prochaine étape consistera à identifier un mécanisme expliquant comment ce réchauffement relativement récent de la Lune a pu favoriser la formation de magmas basaltiques dont la température dépasse les 1 000 °C, ce qui contribuera à terme à améliorer la datation de l’âge de l’ensemble du Système solaire. »

Dans le cadre de son ambitieux programme spatial, la Chine prévoit d’autres missions lunaires, dont les missions Chang’e 6, 7 et 8, qui devraient toutes décoller au cours de la présente décennie. Celles-ci exploreront la Lune à la recherche de ressources et de zones permettant d’envisager l’établissement d’une potentielle base scientifique lunaire.

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